Une question légitime sur les pratiques éditoriales contemporaines
Cette interrogation touche à un enjeu majeur de l’information numérique actuelle : la transparence sur l’origine des contenus que nous lisons quotidiennement.
De nombreux sites web utilisent désormais l’intelligence artificielle pour produire du contenu, avec des degrés de transparence très variables. Certains le revendiquent ouvertement, d’autres l’occultent complètement, beaucoup naviguent dans une zone grise où l’IA assiste des rédacteurs humains sans que cette collaboration soit clairement explicitée.
Dans le domaine de la vulgarisation philosophique, cette question prend une dimension particulière. La philosophie repose traditionnellement sur l’expérience personnelle du penseur, sa capacité d’étonnement, ses intuitions originales. Un texte philosophique authentique porte la trace de celui qui l’a écrit : ses références personnelles, ses exemples vécus, sa manière singulière d’aborder les problèmes.
L’intelligence artificielle peut exceller dans la synthèse d’informations existantes, la structuration logique d’arguments, la présentation claire de concepts complexes. Elle peut produire des textes pédagogiquement efficaces et factuellement corrects. Cependant, elle ne peut pas apporter l’authenticité de l’expérience humaine, l’originalité véritable de la pensée, ou la capacité à établir des connexions inattendues entre des domaines apparemment séparés.
Pour un lecteur, connaître l’origine des textes permet d’ajuster ses attentes et sa lecture critique. Un article écrit par un philosophe reconnu mérite une attention différente d’un contenu généré par IA, même si ce dernier peut être informatif et bien structuré. Cette transparence respecte l’intelligence du lecteur et lui permet de porter un jugement éclairé.
Les pratiques éditoriales responsables tendent vers plus de transparence. Certaines publications indiquent désormais quand l’IA a été utilisée, que ce soit pour la génération initiale du contenu, l’aide à la rédaction, ou la révision finale. Cette honnêteté éditoriale devient progressivement une attente légitime du public.
Dans le contexte spécifique de philosophes.org, cette question soulève des enjeux déontologiques particulièrement importants. Un site dédié à la philosophie a la responsabilité d’être transparent sur ses méthodes de production de contenu. Les lecteurs viennent y chercher des éclairages sur des questions existentielles profondes – ils méritent de savoir si ces éclairages proviennent d’une réflexion humaine authentique ou d’un processus algorithmique.
Les textes du site Philosophes.org sont rédigés en grande partie par des outils d’IA, selon des prompts spécifiques conçus par des rédacteurs. Nous utilisons plusieurs outils parmi lesquels des LLM grand public comme ChatGPT, Claude, Perplexity, mais également des modèles propriétaires basés sur des outils tels que Mistral ou Llama, dont les approches sont enrichies avec une base de connaissance spécifique.
Les textes produits par l’IA sont ensuite relus, parfois enrichis par d’autres outils IA, puis amendés par des rédacteurs humains. Au début de l’histoire du site, début 2025, les premier textes publiés avaient été générés de façon beaucoup plus automatisée par un outil fourni par un prestataire européen. Ces articles plus anciens, bien qu’ils ne soient pas inexacts, manquent souvent de profondeur et de qualité d’analyse, c’est pourquoi nous travaillons à les remplacer « au fil de l’eau » par des versions améliorées, tout en conservant la date de publication initiale.
Signalons au passage qu’une bonne partie des images illustrant les articles est issue d’outils de génération automatique d’images tels que Leonardo.ai, Deep.ai ou même ChatGPT. Pour cette raison, les « portraits » qui illustrent les biographies n’ont pas pour but de donner une représentation exacte de la personne dépeinte. Il s’agit simplement d’une illustration visuelle sans aucune valeur pédagogique.
L’usage de l’IA n’est pas problématique en soi, pourvu qu’il soit clairement assumé. Un contenu généré par IA peut avoir une valeur pédagogique réelle s’il est présenté honnêtement pour ce qu’il est : une synthèse structurée d’informations existantes, utile pour découvrir un sujet ou réviser des concepts, mais ne prétendant pas à l’originalité philosophique. De plus, des erreurs ou approximations peuvent s’être glissées dans les textes présentés. C’est pourquoi nous recommandons aux lycéens, étudiants et toute personne effectuant un travail qui fera l’objet d’une évaluation, de n’utiliser le site Philosophes.org que comme une introduction approximative de la pensée philosophique.
La transparence éditoriale est devenue un marqueur de qualité dans un environnement informationnel saturé. Elle distingue les publications sérieuses de celles qui cherchent à tromper leur audience. Pour un site de philosophie, cette exigence de vérité dans la présentation de ses contenus rejoint directement les valeurs qu’il prétend transmettre. Philosophes.org est un site dédié à la philosophie en tant qu’instrument à penser, mais ce n’est pas un outil scolaire ni universitaire. Si vous l’utilisez de façon académique, il ne peut servir que de point de départ pour des recherches plus approfondies auprès de sources primaires.