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Cogito

  • 20/09/2025
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Définition

Le cogito désigne l’argument cartésien « je pense, donc je suis » (cogito ergo sum) qui établit l’existence du sujet pensant comme première certitude indubitable. Cette formule latine condensée exprime la découverte que l’acte même de douter confirme l’existence de celui qui doute.

Le cogito constitue le fondement de la philosophie moderne du sujet et révolutionne la méthode philosophique en partant de la certitude de la conscience de soi plutôt que de l’être objectif.

Les Antécédents Historiques

Augustin et la Certitude Existentielle

Saint Augustin formule dans La Cité de Dieu un argument analogue : « Si je me trompe, je suis » (Si fallor, sum). Cette antériorité augustinienne influence la conception cartésienne.

Le Contexte Théologique

Chez Augustin, cette certitude s’inscrit dans une démarche théologique : l’âme découvre sa propre existence avant de s’élever vers Dieu.

Les Sceptiques et l’Épochè

Les sceptiques antiques (Sextus Empiricus) suspendent le jugement sur toute réalité extérieure, préparant indirectement la découverte cartésienne de la certitude du moi.

Descartes et l’Élaboration du Cogito

Le Discours de la Méthode (1637)

René Descartes formule d’abord le cogito en français dans le Discours : « Je pense, donc je suis » apparaît comme conclusion du doute méthodique.

Le Contexte du Doute

Descartes doute de tout ce qui peut être révoqué en doute : sens, corps, monde extérieur, vérités mathématiques (hypothèse du malin génie).

L’Évidence Irréfragable

« Mais aussitôt après, je pris garde que, pendant que je voulais ainsi penser que tout était faux, il fallait nécessairement que moi, qui le pensais, fusse quelque chose. »

Les Méditations Métaphysiques (1641)

Dans les Méditations, Descartes approfondit l’analyse du cogito sans utiliser explicitement la formule syllogistique.

La Deuxième Méditation

« Je suis, j’existe : cela est certain. Mais combien de temps ? À savoir, autant de temps que je pense ; car peut-être se pourrait-il faire, si je cessais entièrement de penser, que je cesserais en même temps entièrement d’être. »

L’Immédiateté de l’Intuition

Dans les Méditations, le cogito apparaît moins comme déduction que comme intuition immédiate de l’existence par la pensée.

Les Principes de la Philosophie (1644)

Descartes explicite la formule latine « Cogito ergo sum » et précise sa nature logique.

La Première Vérité

« Cette vérité : je pense, donc je suis, est si ferme et si assurée que toutes les plus extravagantes suppositions des sceptiques ne sont pas capables de l’ébranler. »

La Structure du Cogito

L’Acte Réflexif

Le cogito révèle la structure réflexive de la conscience : la pensée se saisit elle-même dans l’acte de se penser.

La Coïncidence de l’Être et de la Pensée

Dans le cogito, être et penser coïncident parfaitement : je ne peux penser sans être, ni être (en tant que res cogitans) sans penser.

L’Individualité du Sujet

Le cogito fonde l’individualité : c’est moi qui pense, cette existence est mienne, singulière, irremplaçable.

La Temporalité de l’Existence

L’existence révélée par le cogito est temporelle : « j’existe tant que je pense. » Cette limitation temporelle distingue le cogito de l’être éternel.

Le Statut Logique du Cogito

Intuition ou Déduction ?

Descartes hésite sur le statut logique du cogito. Est-ce une déduction (donc je suis) ou une intuition immédiate de l’existence pensante ?

La Position de Descartes

Dans les Réponses aux Objections, Descartes précise que le cogito est une « connaissance simple » plutôt qu’un syllogisme démonstratif.

La Majeure Implicite

La forme syllogistique complète serait : « Tout ce qui pense existe / Je pense / Donc j’existe. » Mais cette majeure présupposerait déjà la connaissance de l’existence.

L’Évidence Immédiate

Le cogito s’impose avec une évidence immédiate qui ne dépend d’aucune démonstration préalable. Cette immédiateté fonde sa certitude absolue.

Les Objections Classiques

L’Objection de Gassendi

Pierre Gassendi objecte qu’on pourrait dire de même : « Je me promène, donc je suis. » Pourquoi privilégier la pensée ?

La Réponse Cartésienne

Descartes répond que la promenade peut être illusoire (rêve, hallucination) tandis que la pensée du doute est indubitablement réelle.

L’Objection de Hobbes

Thomas Hobbes conteste l’identification du moi à la pensée : le cogito ne prouve que l’existence d’une pensée, non d’une substance pensante.

L’Objection de Lichtenberg

Georg Christoph Lichtenberg critique plus radicalement : on devrait dire « il pense » (comme « il pleut ») plutôt que « je pense. » Le cogito présupposerait illégitimement l’existence d’un sujet.

Le Cogito et la Substance

La Res Cogitans

Du cogito, Descartes déduit que je suis une « chose qui pense » (res cogitans), substance dont l’essence est la pensée.

L’Indépendance du Corps

Le cogito révèle que je peux concevoir mon existence sans corps, suggérant la distinction réelle âme-corps.

Les Modes de la Pensée

Descartes énumère les modes de la pensée : douter, comprendre, affirmer, nier, vouloir, ne vouloir pas, imaginer, sentir.

Les Prolongements du Cogito

La Reconstruction de la Connaissance

À partir du cogito, Descartes reconstruit l’édifice de la connaissance : existence de Dieu, distinction âme-corps, vérité des idées claires et distinctes.

La Garantie Divine

Dieu garantit la vérité de nos idées claires et distinctes, évitant l’enfermement solipsiste du cogito.

Le Critère de Vérité

Le cogito fournit le modèle de toute vérité certaine : clarté et distinction de l’idée.

Malebranche et la Vision en Dieu

Nicolas Malebranche critique le cogito cartésien dans la Recherche de la vérité.

L’Ignorance de Soi

Malebranche soutient que nous ne nous connaissons pas par idée claire mais seulement par sentiment intérieur confus.

La Connaissance en Dieu

Seule la « vision en Dieu » procure une connaissance claire, y compris de nous-mêmes. Le cogito ne révèle qu’un sentiment obscur.

Spinoza et la Critique de la Substantialité

Baruch Spinoza transforme radicalement le cogito dans l’Éthique.

L’Illusion Substantialiste

Pour Spinoza, le cogito révèle un mode de la substance unique, non une substance pensante indépendante.

La Conscience comme Effet

La conscience de soi résulte de l’activité corporelle : « L’esprit humain ne se connaît lui-même qu’en tant qu’il perçoit les idées des affections du corps. »

Locke et l’Identité Personnelle

John Locke transforme le cogito en problème de l’identité personnelle dans l’Essai sur l’entendement humain.

La Conscience et l’Identité

L’identité personnelle ne réside pas dans la substance mais dans la continuité de la conscience et de la mémoire.

La Critique de la Substance

Locke doute que nous ayons une idée claire de la substance pensante. Le cogito ne prouve que l’existence d’actes de pensée.

Hume et la Dissolution du Moi

David Hume pousse la critique empiriste jusqu’à dissoudre le moi du cogito dans le Traité de la nature humaine.

L’Introspection Empirique

Hume n’observe par introspection qu’un « faisceau de perceptions » sans substrat permanent. Il n’y a pas d’impression du moi.

L’Illusion de l’Identité

L’identité du moi résulte de l’association des idées et de l’imagination, non d’une substance pensante.

Kant et le Je Transcendantal

Emmanuel Kant renouvelle le cogito dans la Critique de la raison pure avec le « je pense » transcendantal.

L’Aperception Transcendantale

« Le : Je pense, doit pouvoir accompagner toutes mes représentations » : condition formelle de l’unité de l’expérience.

La Fonction Unificatrice

Le je transcendantal unifie la diversité des représentations en une expérience cohérente, sans être lui-même objet de connaissance.

La Critique des Paralogismes

Kant critique les paralogismes de la psychologie rationnelle qui prétendent déduire du cogito la simplicité, l’identité et la spiritualité de l’âme.

L’Illusion Transcendantale

Confondre le je logique (fonction) avec un je ontologique (substance) constitue une illusion transcendantale.

Fichte et le Moi Absolu

Johann Gottlieb Fichte radicalise le cogito dans la Doctrine de la science.

L’Auto-position du Moi

« Le Moi se pose lui-même » : principe absolu qui fonde toute réalité. Le cogito devient acte créateur originaire.

La Philosophie Pratique

Chez Fichte, le cogito révèle la liberté créatrice du Moi qui pose le monde comme obstacle nécessaire à son action morale.

Hegel et la Conscience de Soi

Georg Wilhelm Friedrich Hegel dialectise le cogito dans la Phénoménologie de l’esprit.

La Reconnaissance

La conscience de soi ne se constitue que par la reconnaissance mutuelle : « Une conscience de soi est pour une conscience de soi. »

L’Esprit comme Médiation

Le cogito individuel se dépasse dans l’Esprit objectif et absolu, dépassant la subjectivité abstraite.

Les Critiques Contemporaines

Nietzsche et l’Illusion Grammaticale

Friedrich Nietzsche dénonce le cogito comme illusion grammaticale dans Par-delà bien et mal.

La Critique du Sujet

« Une pensée vient quand ‘elle’ veut, et non quand ‘je’ veux. » Le cogito projette abusivement la grammaire du sujet sur l’expérience.

Husserl et l’Ego Transcendantal

Edmund Husserl renouvelle le cogito par la réduction phénoménologique dans les Méditations cartésiennes.

L’Évidence Apodictique

L’ego transcendantal constitue le seul domaine d’évidence apodictique, fondement de toute connaissance phénoménologique.

Heidegger et la Critique du Subjectivisme

Martin Heidegger critique dans Être et Temps le cogito comme origine du subjectivisme métaphysique.

L’Être-au-Monde

Le Dasein n’est pas d’abord conscience isolée mais être-au-monde toujours-déjà en relation avec les étants.

Sartre et le Cogito Préréflexif

Jean-Paul Sartre distingue dans L’Être et le Néant cogito réflexif et cogito préréflexif.

La Conscience Non-Thétique

La conscience est d’abord conscience non-thétique (de) soi, condition de possibilité du cogito réflexif thématique.

Débats Contemporains

Les Sciences Cognitives

Les neurosciences questionnent l’unité du moi révélée par le cogito, révélant la multiplicité des processus cérébraux.

L’Intelligence Artificielle

L’IA soulève la question : une machine peut-elle dire « je pense » ? Le cogito implique-t-il nécessairement la conscience subjective ?

La Philosophie de l’Esprit

Le « problème difficile » de la conscience renouvelle l’interrogation sur le statut du cogito comme accès privilégié à la réalité mentale.

Le cogito demeure l’une des découvertes philosophiques les plus influentes, inaugurant la modernité par le primat de la subjectivité. Il continue d’interroger la nature de la conscience, de l’identité personnelle et du rapport entre pensée et existence dans les débats contemporains sur l’esprit et la connaissance.

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