Aristocles, dit Platon, naît vers 428 avant J.-C. à Athènes dans une famille aristocratique. Son surnom « Platon » (le large) fait probablement référence à sa carrure ou à l’ampleur de son style. Destiné initialement à la politique, il rencontre Socrate vers l’âge de vingt ans, rencontre qui bouleverse sa vie et détermine sa vocation philosophique.
La mort de Socrate en 399, condamné par la démocratie athénienne, marque profondément Platon et nourrit sa méfiance envers les régimes politiques de son époque. Après avoir voyagé en Égypte et en Grande-Grèce, il fonde vers 387 l’Académie à Athènes, première institution d’enseignement supérieur de l’histoire occidentale, qui perdurera près de mille ans.
Son œuvre, entièrement conservée, se compose de dialogues où Socrate occupe généralement le rôle principal. Ces textes révèlent progressivement un système philosophique d’une ampleur inégalée. La « République » (vers 380) expose sa conception de la justice et décrit la cité idéale gouvernée par les philosophes-rois. Les « Lois », son dernier ouvrage, propose un modèle politique plus pragmatique.
Au cœur de sa pensée se trouve la théorie des Idées ou Formes, développée notamment dans le « Phédon » et la « République ». Platon distingue le monde sensible, imparfait et changeant, du monde intelligible des Idées éternelles et parfaites. L’allégorie de la caverne illustre cette distinction : les hommes ordinaires ne perçoivent que les ombres de la réalité, tandis que le philosophe accède à la connaissance vraie.
Le « Ménon » révèle sa théorie de la réminiscence : apprendre, c’est se souvenir de vérités que l’âme immortelle a contemplées avant sa naissance. Cette conception révolutionne la pédagogie en montrant que l’enseignement consiste à faire accoucher les esprits de leurs propres connaissances.
Dans le « Timée », Platon présente sa cosmologie, décrivant la création du monde par un démiurge qui organise la matière selon les modèles éternels. Cette œuvre influence durablement la pensée scientifique et théologique.
Platon forme de nombreux disciples, dont Aristote qui contestera certaines de ses thèses tout en prolongeant sa démarche. Il meurt vers 348, laissant une œuvre qui irrigue toute la tradition philosophique occidentale. Alfred North Whitehead résumera son influence en affirmant que « toute la philosophie occidentale n’est qu’une série de notes de bas de page à Platon ».