INFOS-CLÉS | |
|---|---|
| Nom d’origine | Moshe ben Shem-Tov (משה בן שם-טוב די-ליאון) | 
| Nom anglais | Moses de Leon | 
| Origine | Castille, Espagne | 
| Importance | ★★★★★ | 
| Courants | Mystique juive, Kabbale | 
| Thèmes | Zohar, Kabbale théosophique, symbolisme mystique, exégèse ésotérique | 
Figure énigmatique de la mystique juive médiévale, Moïse de Léon occupe une place singulière dans l’histoire de la pensée religieuse. Son nom demeure indissociable du Sefer ha-Zohar (Livre de la Splendeur), ou Zohar, texte fondateur de la Kabbale théosophique – système interprétatif qui dévoile les dimensions cachées de la Torah à travers un réseau complexe de symboles et de correspondances divines.
En raccourci
Mystique castillan actif dans la seconde moitié du XIIIᵉ siècle, Moïse de Léon compose ou diffuse le Zohar, monument de la littérature kabbalistique présenté comme l’enseignement du rabbin Shimon bar Yohaï, figure du IIᵉ siècle. Ce texte développe une lecture symbolique de la Torah qui décrit les processus internes de la divinité à travers les dix sefirot, émanations permettant à l’Infini de se manifester dans la création.
La question de la paternité du Zohar demeure débattue depuis le XIVᵉ siècle. Les sources attestent que Moïse de Léon possédait les manuscrits et les diffusait contre rémunération, affirmant détenir un original ancien. Après sa mort, son épouse aurait déclaré qu’il en était l’auteur véritable, provoquant une controverse durable.
Le Zohar transforme la Kabbale en système théosophique élaboré, influençant profondément la mystique juive ultérieure. L’œuvre articule cosmologie, anthropologie et éthique spirituelle dans un langage poétique et allusif qui fait du texte biblique un réseau de correspondances cachées révélant la vie divine elle-même.
Castille médiévale et formation intellectuelle
Contexte familial et géographique
Les sources documentaires concernant les premières années de Moïse de Léon restent fragmentaires. Né vraisemblablement vers 1240 à León ou dans ses environs, en Castille, il appartient à une communauté juive marquée par les échanges intellectuels entre traditions rabbiniques, philosophiques et mystiques. Le royaume de Castille connaît alors une période de relative tolérance favorisant la circulation des savoirs entre les trois religions monothéistes.
La région produit plusieurs générations de penseurs juifs qui tentent d’articuler la tradition talmudique avec la philosophie aristotélicienne d’une part, et avec les courants mystiques émergents d’autre part. Moïse de Léon grandit dans cet environnement où se confrontent rationalisme maïmonidien – méthode philosophique appliquée aux textes sacrés développée par Maïmonide – et sensibilité mystique héritée des cercles provençaux et catalans.
Formation traditionnelle et tournant mystique
Sa formation initiale suit le cursus rabbinique classique : étude approfondie du Talmud, maîtrise de l’exégèse traditionnelle, connaissance des textes halakhiques qui régissent la pratique religieuse. Toutefois, les écrits qu’il composera plus tard révèlent également une familiarité avec la philosophie aristotélicienne telle qu’elle circule dans les milieux intellectuels juifs hispano-arabes.
Un tournant décisif s’opère lorsqu’il découvre les textes kabbalistiques provenant des écoles mystiques de Provence et de Gérone. Ces écrits, dont le Sefer ha-Bahir (Livre de la Clarté) constitue le prototype, proposent une lecture symbolique de l’Écriture centrée sur la théorie des sefirot – dix émanations ou attributs divins structurant la relation entre l’Infini transcendant (Ein Sof) et la création. Cette rencontre oriente définitivement sa trajectoire intellectuelle vers l’herméneutique mystique.
Réseau intellectuel castillan
Moïse de Léon s’insère dans un cercle de mystiques castillans actifs dans la seconde moitié du XIIIᵉ siècle. Parmi eux figurent Joseph Gikatilla, auteur de traités kabbalistiques majeurs, et d’autres savants dont les noms apparaissent dans les colophons de manuscrits kabbalistiques. Ces intellectuels partagent manuscrits et enseignements, constituant une communauté d’interprètes explorant les dimensions cachées de la Torah.
Les déplacements de Moïse de Léon à travers la Castille – attestés par diverses sources – suggèrent une activité de diffusion de textes mystiques auprès de cercles restreints. Cette circulation physique des manuscrits précède l’époque de l’imprimerie et nécessite une présence personnelle pour transmettre clés d’interprétation et traditions orales accompagnant les écrits.
Émergence du Zohar et activité littéraire
Production mystique documentée
Entre 1280 et 1290 environ, Moïse de Léon compose plusieurs traités kabbalistiques en hébreu dont l’origine ne fait pas débat. Ces œuvres incluent Sefer ha-Mishqal (Livre de la Pesée), Sheqel ha-Qodesh (Sicle du Sanctuaire) et Mishkan ha-Edut (Tabernacle du Témoignage). Elles exposent la doctrine des sefirot et développent une exégèse symbolique systématique des textes bibliques et liturgiques.
Ces traités présentent déjà les caractéristiques conceptuelles qui structureront le Zohar : cosmologie théosophique décrivant les processus internes de la divinité, lecture allégorique transformant les récits bibliques en révélations sur la vie divine, insistance sur la dimension transformatrice de l’observance des commandements qui affecte les relations entre les sefirot. Moïse de Léon maîtrise l’art d’articuler philosophie, tradition rabbinique et symbolisme mystique.
Diffusion des manuscrits zohariques
Au début des années 1280, Moïse de Léon commence à diffuser des cahiers contenant des enseignements attribués à Shimon bar Yohaï, maître talmudique du IIᵉ siècle réputé pour sa profondeur mystique. Ces textes, rédigés en araméen archaïsant, se présentent comme des commentaires ésotériques de la Torah révélés au cercle des disciples de bar Yohaï dans les grottes de Galilée.
Moïse de Léon affirme posséder un manuscrit ancien dont il copie progressivement les enseignements. Il monnaye l’accès à ces textes auprès de mécènes fortunés, notamment Isaac d’Acre et d’autres kabbalistes intrigués par ces révélations inédites. La nouveauté du contenu suscite immédiatement fascination et interrogations : comment des enseignements aussi élaborés auraient-ils pu rester inconnus pendant plus d’un millénaire ?
Nature et structure du corpus zoharique
Le Sefer ha-Zohar ne constitue pas un traité systématique mais un vaste ensemble de commentaires mystiques structurés autour du Pentateuque. L’œuvre combine plusieurs genres littéraires : commentaires suivis (midrash), homélies (sithrei Torah), récits hagiographiques mettant en scène bar Yohaï et ses disciples, traités spécialisés sur des thèmes particuliers. Le style allie densité conceptuelle et lyrisme poétique, multipliant les images et les allusions pour suggérer plus qu’expliciter les mystères divins.
Innovation théosophique majeure
Le Zohar développe une cosmologie symbolique d’une sophistication inédite. Les dix sefirot y sont décrites comme les dimensions vivantes de Dieu lui-même, formant un organisme dynamique (partsuf) où circulent les influx divins. Chaque pratique religieuse, chaque prière, chaque transgression affecte l’équilibre de ce système, conférant aux actions humaines une portée théurgique – capacité d’influencer les sphères célestes par les actes terrestres.
L’exégèse zoharique opère sur plusieurs niveaux simultanés. Le texte biblique devient un code dont chaque détail – jusqu’aux formes graphiques des lettres hébraïques – révèle des secrets sur la structure de la réalité divine. Cette herméneutique transforme la lecture de la Torah en méditation mystique visant à dévoiler progressivement les profondeurs cachées du divin.
Controverses et question sur l’auteur
Suspicions contemporaines
Dès la diffusion des premiers cahiers zohariques, certains kabbalistes manifestent leur scepticisme. Isaac d’Acre, après avoir copié des sections du texte, entreprend une enquête pour vérifier l’authenticité de l’original ancien que Moïse de Léon prétend posséder. Les sources rapportent qu’il se rend à Valladolid où réside Moïse de Léon, mais celui-ci meurt avant qu’Isaac puisse examiner le manuscrit source.
Après le décès de Moïse de Léon en 1305, Isaac d’Acre interroge l’épouse du défunt et un riche habitant d’Ávila qui avait proposé une dot importante pour épouser la fille de Moïse à condition de recevoir le manuscrit original. Selon le témoignage rapporté, l’épouse aurait déclaré que son mari était l’auteur véritable du Zohar et qu’aucun manuscrit ancien n’existait. Cette révélation nourrit une controverse qui traverse les siècles.
Arguments philologiques et historiques
Les indices pointant vers une composition médiévale tardive se sont accumulés avec l’analyse scientifique du texte. L’araméen du Zohar présente des particularités absentes des sources anciennes : vocabulaire emprunté à l’hébreu médiéval, calques syntaxiques, concepts philosophiques issus du Moyen Âge. Plusieurs passages font écho à des débats contemporains de Moïse de Léon, notamment la polémique sur la doctrine maïmonidienne.
Certaines sections du Zohar citent ou paraphrasent des passages des traités hébraïques composés par Moïse de Léon lui-même, suggérant une continuité intellectuelle entre l’auteur des œuvres signées et celui du corpus zoharique. La comparaison stylistique révèle des ressemblances dans la construction des arguments et l’usage des symboles kabbalistiques.
Hypothèses sur la composition
La recherche contemporaine propose plusieurs scénarios. L’hypothèse d’une composition entièrement due à Moïse de Léon demeure la plus largement acceptée, expliquant les cohérences conceptuelles et stylistiques du corpus. Certains chercheurs suggèrent toutefois une composition collective au sein du cercle mystique castillan, dont Moïse de Léon aurait été le principal rédacteur et éditeur.
Une autre possibilité envisage l’intégration de fragments authentiquement anciens dans une trame narrative et conceptuelle élaborée au XIIIᵉ siècle. Cette hypothèse concilierait certaines traditions anciennes effectivement présentes dans le texte avec les éléments clairement médiévaux. La question demeure ouverte, les spécialistes continuant d’analyser les strates textuelles du Zohar.
Dernières années et transmission
Circonstances de la mort
Moïse de Léon s’éteint à Arévalo, en Castille, en 1305. Les circonstances précises de son décès restent peu documentées. Sa disparition intervient à un moment où la diffusion du Zohar commence à s’étendre au-delà du cercle restreint des premiers récipiendaires, suscitant débats et controverses sur l’authenticité du texte.
La question du manuscrit original devient centrale immédiatement après sa mort. L’enquête d’Isaac d’Acre, interrompue par le décès de Moïse de Léon, ne parvient jamais à établir de manière définitive l’existence d’un texte ancien. Les déclarations attribuées à l’épouse du défunt alimentent les soupçons sans pour autant mettre fin à la circulation et à l’influence grandissante du Zohar.
Réception immédiate et expansion
Malgré les controverses sur son origine, le Zohar s’impose rapidement dans les milieux kabbalistiques. La richesse conceptuelle du texte, sa capacité à articuler tradition rabbinique et intuitions mystiques, son langage poétique et allusif séduisent les générations suivantes de mystiques juifs. Dès le XIVᵉ siècle, l’œuvre circule largement en Espagne et commence à atteindre les communautés juives d’Italie et du Proche-Orient.
Les kabbalistes de Safed au XVIᵉ siècle, notamment Isaac Louria, intègrent le Zohar comme texte fondamental de leur système mystique. L’expulsion des Juifs d’Espagne en 1492 contribue paradoxalement à la diffusion du corpus zoharique à travers le bassin méditerranéen, les manuscrits voyageant avec les communautés exilées qui cherchent dans la mystique des ressources spirituelles face au traumatisme collectif.
Influence durable sur la mystique juive
Le Zohar transforme profondément la Kabbale en établissant un langage symbolique commun qui structure la mystique juive ultérieure. La théorie des sefirot telle qu’exposée dans le texte devient le cadre conceptuel partagé par la plupart des courants kabbalistiques. L’idée que les actions humaines affectent les sphères divines confère une portée cosmique à l’observance religieuse.
La diffusion imprimée du Zohar à partir du XVIᵉ siècle amplifie son influence. Les éditions successives, accompagnées de commentaires explicatifs, rendent progressivement accessible un texte dont l’obscurité délibérée nécessitait auparavant une initiation personnelle. Le mouvement hassidique, à partir du XVIIIᵉ siècle, s’appuie largement sur les enseignements zohariques pour développer sa spiritualité populaire.
Héritage intellectuel et place historique
Transformation de l’herméneutique juive
L’apport principal de Moïse de Léon réside dans l’élaboration d’une méthode d’interprétation qui transforme la lecture de la Torah en exploration des mystères divins. Chaque récit biblique devient une parabole révélant les processus théosophiques internes à la divinité. Cette approche déplace l’accent de l’étude légale vers la méditation contemplative sans pour autant rejeter l’observance halakhique.
Le Zohar établit un équilibre subtil entre respect de la tradition rabbinique et innovation mystique. Les enseignements y sont présentés comme le dévoilement de dimensions toujours présentes mais voilées du texte sacré, plutôt que comme une rupture avec la tradition. Cette stratégie rhétorique facilite l’acceptation de doctrines audacieuses par les autorités rabbiniques conservatrices.
Tensions avec le rationalisme philosophique
L’émergence du Zohar intervient dans un contexte marqué par les controverses sur l’œuvre de Maïmonide. Face au rationalisme philosophique qui tend à allégoriser les anthropomorphismes bibliques et à limiter la portée immédiate des pratiques rituelles, la mystique zoharique affirme la réalité des attributs divins et la dimension transformatrice des commandements.
Cette opposition structure durablement les débats intellectuels juifs médiévaux et modernes. Les partisans de l’approche philosophique critiquent l’anthropomorphisme théosophique du Zohar, tandis que les mystiques dénoncent le risque d’intellectualisme desséchant du rationalisme. Moïse de Léon contribue ainsi à ancrer la mystique comme courant légitime et influent face à la philosophie aristotélicienne.
Résonances contemporaines
La pensée zoharique continue d’exercer une influence dans certains milieux juifs orthodoxes et hassidiques contemporains. Les concepts de dynamisme divin, de correspondances symboliques et de dimension cosmique de l’action humaine nourrissent des pratiques méditatives et des approches spirituelles de l’observance religieuse.
Au-delà des cercles religieux traditionnels, le Zohar attire l’attention de chercheurs en études mystiques comparées et d’historiens des religions. La sophistication théosophique du texte, son usage créatif du symbolisme et sa méthode herméneutique présentent un intérêt pour comprendre comment les traditions religieuses développent des dimensions ésotériques articulant transcendance divine et expérience humaine.
Moïse de Léon demeure ainsi une figure pivot de l’histoire intellectuelle juive. Qu’il soit l’auteur véritable du Zohar ou son principal diffuseur et éditeur, son rôle dans l’établissement de la Kabbale théosophique comme courant majeur de la pensée juive ne peut être contesté. Le corpus zoharique qu’il a composé ou transmis structure depuis sept siècles les expressions mystiques du judaïsme, témoignant de la fécondité d’une herméneutique qui transforme le texte sacré en cartographie du divin.
Pour aller plus loin
- Moïse De léon, La Résidence du Témoignage: Mishkan ha-'Edut, Hermann
 - Moïse De léon, Le siècle du sanctuaire, Verdier
 










2 commentaires
Bonjour. Vous faites erreur, Moïse de Léon ( de son vrai nom Moshe ben Shem-Tov) n »est pas l’auteur du Zohar, il l’a juste recompilé. Aucune source sérieuse ne prétend le contraire, ce sont justes des penseurs du début du siècle (20e) qui l’ont contesté. Le Zohar a été écrit en plusieurs parties et la première provient de Shimon bar Yochai (Rashbi), ensuite ce sont ses disciples et les disciples de ses disciples qui ont ajouté le reste, et Moïse de Léon n’a fait que le compiler proprement. La spécialiste et historienne-philosophe Ariane Kalfa le dit et je pense qu’elle sait de quoi elle parle. Si vous pouvez corriger, merci..
Merci pour la correction du nom, nous allons modifier ; merci également pour votre commentaire.
Bien que nombre de personnes de confession juive estiment que le Zohar a pu être effectivement écrit par bar Yochai entre l’an 120 et l’an 160, il ne fait guère de doute que c’est bien de Leon qui l’ écrit.
– D’une part, de nombreux éléments de date ou d’événements sont ultérieurs à bar Yochai et n’auraient donc pu être inscrits dans le 2ohar.
– En outre, des variations stylistiques de l’ouvrage correspondent aux écrits de Moïse de Leon, contrairement à ce que certains affirment. On y trouve également une influence du néoplatonisme qui ne se trouve pas dans les écrits antérieurs.
– Ajoutons que si ce dernier a souvent été accusé d’avoir fait un faux pour escroquer des pratiquants crédules, cette idée ne résiste par à l’analyse. En effet, de Leon était un philosophe et théosophe qui était avant tout intéressé par la connaissance. La progression de sa pensée au cours des différents textes émanant de lui (et non faisant partie du Zohar) correspond bien aux concepts énoncés dans le Zohar.
Dans le tome 180 de la Revue des Etudes Juives (juillet-décembre 2021), le Professeur Avishai bar Asher de l’Université de Jérusalem explique avoir trouvé un traité oublié de Moïse de Leon à la bibliothèque Bayerische de Munich, traité qui fait le pont entre les ouvrages précédents de De Leon et le Zohar. Bar Asher explique que « en plus d’approfondir notre connaissance du terreau conceptuel à partir duquel les concepts fondamentaux du Zohar ont germé, les conclusions de cette étude nous obligent à reconsidérer ce que nous savons de l’apparition de l’œuvre la plus canonique de la littérature kabbalistique. »
Tout ceci ne laisse guère de doute sur la personne qui a écrit le Zohar, ouvrage au demeurant remarquable qui devrait valoir à Moïse de Leon la reconnaissance de la place qu’il mérite dans le panthéon de la philosophie Juive, bien loin de l’image du faussaire cupide.
Pour autant, si Moïse de Léon a écrit l’ouvrage, en est-il l’auteur ? Ce n’est pas forcément le cas. Il est possible que Moïse de Léon ait en fait « compilé » (comme vous le dite) au moins une partie du Zohar.
En effet, la Kabbale était traditionnellement orale et non écrite. La Kabbale est ésotérique (du grec esôterikos « intérieur ») ce qui signifie qu’elle est réservée aux initiés – c’est un point très important.
De Léon n’aurait donc fait que produire sous forme écrite un récit oral, auquel il aurait nécessairement conféré son style d’écriture et probablement fait des ajouts – cela ne serait pas surprenant sur 1700 pages. Bref, s’il reste certain que Shimon bar Yochai n’a pas « écrit » le Zohar, il est possible qu’il en ait « dit » certaines parties qui se sont propagées oralement jusqu’à Moïse de Léon, qui les aurait compilées en prétendant tenir le manuscrit original, dans une sorte de marketing pas tout à fait éthique. Dans cette hypothèse, on pourrait dire que Moïse de Leon est plus un traducteur qu’un auteur.
Nous vous invitons à consulter une conférence très intéressante de Edouard Robberechts, maître de conférences en philosophie juive à l’université d’Aix Marseille sur le sujet sur https://www.youtube.com/watch?v=eT7LVn4sHI8 qui évoque Abraham ben David de Posquières et son fils Isaac l’Aveugle. Robberechts nous dit « la kabbale nait comme phénomène littéraire en Languedoc au 12è siècle ». Il explique que les kabbalistes se mettent à écrire des ouvrages relatifs à la Kabbale en réaction à Maïmonide, qui était un aristotélicien qui prétendait que la tradition ésotérique d’Israël avait disparu. On peut donc supposer que les kabbalistes ont mis la kabbale (ou les kabbales) par écrit en réponse à cette affirmation.