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Nom d’origine | Михаил Александрович Бакунин (Mikhaïl Aleksandrovitch Bakounine) |
Nom anglais | Mikhail Bakunin |
Origine | Russie |
Importance | ★★★★★ |
Courants | Anarchisme, Socialisme révolutionnaire |
Thèmes | Collectivisme libertaire, Fédéralisme, Athéisme militant, Anti-étatisme, Première Internationale |
Mikhaïl Bakounine demeure la figure fondatrice de l’anarchisme moderne, celui qui transforma une aspiration diffuse à la liberté en doctrine politique cohérente. Aristocrate russe devenu révolutionnaire professionnel, il incarna durant quatre décennies l’opposition radicale à toute forme d’autorité, qu’elle soit politique, religieuse ou économique.
En raccourci
Né dans une famille de la noblesse russe en 1814, Mikhaïl Bakounine abandonne très tôt une carrière militaire pour se consacrer à la philosophie. Formé à l’idéalisme allemand, il évolue progressivement vers des positions révolutionnaires qui le conduisent à l’exil permanent dès 1840. Participant actif des soulèvements de 1848-1849 en Europe, il connaît l’emprisonnement et la déportation en Sibérie avant une évasion spectaculaire en 1861.
Sa pensée mature articule une critique radicale de l’État avec un projet de société fondé sur le fédéralisme et l’association libre des producteurs. Principal adversaire de Marx au sein de la Première Internationale, il développe une conception libertaire du socialisme qui refuse toute dictature, fût-elle prolétarienne. Son influence posthume façonne durablement le mouvement anarchiste international, du syndicalisme révolutionnaire aux expériences autogestionnaires contemporaines.
Origines aristocratiques et formation philosophique
Une jeunesse dans la Russie tsariste
Priamoukhino, domaine familial de la province de Tver, voit naître le 30 mai 1814 celui qui deviendra le plus farouche opposant à toute autorité. Fils d’Alexandre Bakounine, diplomate libéral et propriétaire terrien éclairé, Mikhaïl grandit au sein d’une fratrie de onze enfants dans une atmosphère intellectuelle relativement ouverte. L’influence maternelle, marquée par une sensibilité romantique et une religiosité mystique, imprègne ses premières années.
Envoyé à quatorze ans à l’École d’artillerie de Saint-Pétersbourg, le jeune homme manifeste rapidement son inadaptation à la discipline militaire. Cette première confrontation avec l’autorité institutionnelle préfigure ses futures rébellions. L’armée représente pour lui l’incarnation parfaite de la hiérarchie absurde et de la soumission aveugle qu’il combattra toute sa vie. Son tempérament indocile et ses lectures philosophiques le marginalisent progressivement au sein du corps des officiers.
L’éveil philosophique moscovite
L’abandon de la carrière militaire en 1835 marque un tournant décisif. À Moscou, Bakounine intègre le cercle de Nikolaï Stankevitch où se retrouve l’intelligentsia progressiste russe. Vissarion Belinski, Alexandre Herzen et Ivan Tourgueniev deviennent ses compagnons de discussion philosophique. L’immersion dans la philosophie allemande, particulièrement Fichte et Hegel, structure sa formation intellectuelle.
Durant cette période moscovite (1835-1840), il traduit plusieurs œuvres philosophiques allemandes et rédige ses premiers articles théoriques. L’hégélianisme lui fournit initialement un cadre conceptuel pour penser le développement historique et la dialectique. Sa célèbre interprétation de la formule hégélienne « ce qui est rationnel est réel » le conduit paradoxalement à une acceptation temporaire de l’ordre existant, position qu’il reniera violemment par la suite.
Le passage au radicalisme
L’année 1840 constitue le moment de bascule vers l’engagement révolutionnaire. Obtenant un passeport pour l’étranger sous prétexte d’études philosophiques, Bakounine quitte définitivement la Russie. Berlin l’accueille d’abord, où il fréquente les Jeunes Hégéliens et découvre les écrits de Ludwig Feuerbach. La critique feuerbachienne de la religion résonne profondément avec ses propres questionnements sur l’aliénation humaine.
Arnold Ruge publie en 1842 dans les Deutsche Jahrbücher son article « La Réaction en Allemagne », signé du pseudonyme Jules Elysard. Cette contribution théorique majeure popularise la formule : « La passion de la destruction est aussi une passion créatrice. » L’influence de la gauche hégélienne transforme sa compréhension de la dialectique en instrument de négation révolutionnaire. Le passage par Dresde et Zurich approfondit ses contacts avec les milieux démocrates européens.
L’engagement révolutionnaire et les années d’épreuve
Les Printemps des peuples
Paris devient en 1844 le centre de gravité de l’émigration révolutionnaire européenne. Bakounine y retrouve Marx et Proudhon, nouant avec ce dernier une amitié durable malgré des divergences théoriques. La rencontre avec Proudhon influence durablement sa conception du socialisme anti-autoritaire. Leurs longues discussions nocturnes portent sur la propriété, l’État et les moyens de transformation sociale.
Février 1848 voit éclater la révolution parisienne. Bakounine participe physiquement aux barricades, incarnation vivante de l’intellectuel révolutionnaire. Son « Appel aux Slaves » prône l’insurrection généralisée contre les empires austro-hongrois et russe. Prague l’accueille en juin pour le Congrès panslave où il défend une fédération démocratique des peuples slaves libérés du joug impérial.
L’insurrection de Dresde
Mai 1849 marque l’apogée de son action insurrectionnelle directe. À Dresde, aux côtés de Richard Wagner, il organise la défense de la ville insurgée contre les troupes prussiennes. Durant quatre jours, il déploie une énergie extraordinaire, proposant même de transporter La Madone Sixtine de Raphaël sur les barricades pour décourager l’artillerie ennemie.
L’échec de l’insurrection entraîne son arrestation le 10 mai 1849. Commence alors un long calvaire carcéral qui durera douze années. Condamné à mort par la Saxe, puis par l’Autriche, il voit sa peine commuée avant d’être livré à la Russie tsariste en 1851.
Prison et déportation sibérienne
Les forteresses de Pierre-et-Paul puis de Schlüsselbourg l’enferment durant six années dans des conditions d’isolement total. La « Confession » adressée au tsar Nicolas Ier en 1851 reste un document ambigu, mélange de repentance tactique et d’affirmation voilée de ses convictions. L’avènement d’Alexandre II en 1855 n’améliore que marginalement sa situation.
Transféré en Sibérie en 1857, il épouse Antonia Kwiatkowska, fille d’un exilé polonais. La relative liberté de l’exil sibérien contraste avec l’enfermement pétersbourgeois. Nommé employé dans une compagnie commerciale à Irkoutsk, il prépare méthodiquement son évasion. Le 17 juin 1861, profitant d’un voyage d’affaires, il s’enfuit par le fleuve Amour, gagne le Japon puis San Francisco.
La maturité théorique et l’action internationaliste
L’élaboration du système anarchiste
Londres accueille en décembre 1861 le fugitif sibérien. Herzen et Ogarev l’intègrent à la rédaction de Kolokol (La Cloche), principal organe de l’opposition russe en exil. Les années 1861-1864 voient l’élaboration systématique de sa doctrine anarchiste. Fédéralisme, Socialisme et Antithéologisme synthétise sa critique de l’État et de la religion.
Florence devient en 1864 sa nouvelle base opérationnelle. La Fraternité internationale, société secrète qu’il fonde, préfigure son action future au sein de l’Association Internationale des Travailleurs. Son programme articule abolition de l’État, collectivisation des moyens de production et fédération libre des communes autonomes. L’anti-théisme militant constitue le socle philosophique de cette construction théorique.
Le conflit avec Marx
Septembre 1868 marque son adhésion officielle à l’Internationale. La section de l’Alliance de la Démocratie Socialiste qu’il crée à Genève devient rapidement un pôle d’opposition au Conseil général londonien dominé par Marx. Les divergences portent sur la stratégie révolutionnaire, le rôle de l’État dans la transition socialiste et l’organisation du mouvement ouvrier.
Le congrès de Bâle (1869) voit triompher temporairement les thèses collectivistes de Bakounine sur la question de l’héritage et de la propriété collective. L’influence bakouninienne croît dans les sections latines de l’Internationale : Espagne, Italie, Jura suisse, France méridionale. James Guillaume, Carlo Cafiero, Errico Malatesta deviennent ses principaux lieutenants.
La Commune et l’échec lyonnais
Septembre 1870 voit Bakounine tenter d’appliquer ses principes révolutionnaires à Lyon. L’insurrection du 28 septembre, qu’il dirige personnellement, proclame l’abolition de l’État et l’organisation fédérative des communes. L’échec rapide de cette tentative ne décourage pas son activisme. La Commune de Paris (1871) lui apparaît comme la validation historique de ses thèses anti-étatiques.
La Théologie politique de Mazzini et l’Internationale (1871) et L’Empire knouto-germanique et la Révolution sociale (1871) approfondissent sa critique du principe d’autorité. Dieu et l’État, son œuvre la plus lue posthumément, développe le lien intrinsèque entre domination religieuse et oppression politique. La formule « Si Dieu existait, il faudrait l’abolir » inverse provocativement l’aphorisme voltairien.
Dernières luttes et synthèses ultimes
L’exclusion de l’Internationale
La Conférence de Londres (1871) renforce les pouvoirs du Conseil général, mesure explicitement dirigée contre l’influence bakouninienne. Le Congrès de La Haye (septembre 1872) consomme la rupture définitive. Marx obtient l’exclusion de Bakounine et Guillaume, accusés d’avoir maintenu une organisation secrète au sein de l’Internationale.
Saint-Imier accueille immédiatement un contre-congrès fondant l’Internationale anti-autoritaire. Les fédérations italienne, espagnole, jurassienne et belge rejettent les décisions de La Haye. Cette scission structure durablement le mouvement socialiste entre tendances autoritaire et libertaire. L’Internationale bakouninienne survit jusqu’en 1877, maintenant vivante la tradition anarchiste.
Le refuge tessinois
Locarno devient à partir de 1873 son dernier refuge. La Baronata, modeste propriété acquise grâce à l’héritage de son père, l’abrite avec sa compagne Antonia. L’état de santé déclinant ne l’empêche pas de poursuivre son œuvre théorique. Les manuscrits de cette période, souvent inachevés, témoignent d’une réflexion continue sur les conditions de la révolution sociale.
Bologne voit en 1874 sa dernière tentative insurrectionnelle. L’échec du soulèvement prévu le convainc définitivement de se retirer de l’action directe. Les derniers mois sont consacrés à la correspondance avec les groupes anarchistes européens et à la rédaction de fragments théoriques sur l’organisation post-révolutionnaire.
Influences intellectuelles tardives
Auguste Comte et le positivisme influencent paradoxalement ses dernières réflexions sur la science et la société. Tout en rejetant la « religion de l’Humanité » comtienne, il emprunte au positivisme sa confiance dans le progrès scientifique comme facteur de libération. Spencer et Darwin nourrissent sa conception évolutionniste du développement social.
Proudhon demeure jusqu’au bout la référence théorique majeure, malgré les critiques adressées au mutuellisme. Le fédéralisme proudhonien structure sa vision de l’organisation sociale future. Marx, adversaire politique, reste paradoxalement un interlocuteur théorique dont il reconnaît l’importance analytique tout en combattant les conclusions politiques.
Mort et héritage révolutionnaire
Les derniers jours
Berne accueille le révolutionnaire malade en juin 1876. L’hôpital de l’Île devient son dernier séjour. L’insuffisance rénale et cardiaque progresse rapidement. Les visites de ses compagnons anarchistes, particulièrement Élisée Reclus et James Guillaume, adoucissent l’agonie. Le 1er juillet 1876, à 62 ans, s’éteint celui que ses adversaires surnommaient « le Diable rouge ».
L’inhumation au cimetière de Bremgarten rassemble plusieurs milliers de militants ouvriers. Aucun discours religieux ne marque la cérémonie, conformément à ses convictions athées. Guillaume prononce l’éloge funèbre, rappelant la cohérence d’une vie entièrement vouée à l’émancipation humaine.
Réception immédiate et controverses
Les nécrologues révèlent les clivages du mouvement socialiste. Marx, dans une lettre privée, reconnaît malgré leur antagonisme « un homme d’action incomparable ». Engels souligne le caractère « destructeur » de son influence sur l’Internationale. Les anarchistes le célèbrent comme martyr et prophète de la liberté.
Pierre Kropotkine entreprend immédiatement la publication des œuvres complètes. La diffusion posthume des écrits bakouniniens, particulièrement Dieu et l’État (1882), assure la pérennité de son influence. Les groupes anarchistes européens et américains adoptent massivement ses analyses anti-étatiques.
L’influence sur l’anarchisme historique
Le syndicalisme révolutionnaire de la fin du XIXᵉ siècle puise largement dans l’héritage bakouninien. La Confédération Générale du Travail française, la CNT espagnole, l’IWW américaine traduisent en pratique ses conceptions sur l’action directe et l’organisation fédéraliste. Fernand Pelloutier, Rudolf Rocker, Salvador Seguí prolongent son œuvre.
L’expérience makhnoviste en Ukraine (1918-1921) et la révolution espagnole (1936-1939) constituent les tentatives historiques majeures d’application des principes bakouniniens. L’échec de ces expériences n’invalide pas la pertinence théorique de sa critique du socialisme étatique, confirmée par la dérive totalitaire soviétique.
Actualité contemporaine
Mai 68 redécouvre Bakounine. Le mouvement étudiant adopte spontanément des modes d’action et d’organisation préfigurant ses conceptions libertaires. « L’imagination au pouvoir » fait écho à sa passion créatrice. Daniel Cohn-Bendit incarne cette filiation revendiquée.
L’altermondialisme contemporain réactive plusieurs thématiques bakouniniennes : critique de l’État-nation, fédéralisme, démocratie directe, action directe non-violente. David Graeber théorise explicitement cette actualisation. Les ZAD, Occupy Wall Street, les Indignados traduisent en actes cette aspiration anti-autoritaire.
L’œuvre théorique : système et méthode
La critique de l’aliénation
Trois formes d’aliénation structurent selon Bakounine la domination : religieuse, politique, économique. L’aliénation religieuse, projection fantastique des qualités humaines dans un être fictif, fonde psychologiquement l’acceptation de l’autorité. L’État perpétue politiquement cette dépossession en monopolisant la violence légitime. Le capitalisme parachève économiquement l’asservissement par l’exploitation du travail.
L’émancipation exige donc une négation simultanée de ces trois instances. L’athéisme constitue la condition philosophique de la liberté. L’anarchisme représente sa traduction politique. Le socialisme réalise son accomplissement économique. Cette trilogie conceptuelle unifie l’ensemble de son œuvre théorique.
Le fédéralisme intégral
Partant de l’individu concret, Bakounine construit une architecture sociale ascendante. La commune autonome forme la cellule de base, association volontaire d’individus libres. Les communes se fédèrent en régions, les régions en nations, les nations en internationale. Chaque niveau conserve son autonomie, déléguant seulement les fonctions nécessaires à la coordination.
Ce fédéralisme « par le bas » s’oppose radicalement au fédéralisme étatique qui maintient la souveraineté au sommet. L’association reste constamment révocable, la sécession toujours possible. Les mandats impératifs et révocables remplacent la représentation politique classique. L’administration des choses supplante le gouvernement des hommes.
La conception de la révolution
Rupture violente avec l’ordre existant, la révolution bakouninienne vise la destruction immédiate de l’État. Nulle période transitoire ne justifie le maintien d’un appareil de domination, fût-il « prolétarien ». La dictature révolutionnaire reproduit nécessairement les mécanismes d’oppression qu’elle prétend combattre.
L’action des minorités conscientes catalyse le processus révolutionnaire sans le diriger autoritairement. Les masses créent spontanément les formes organisationnelles adaptées à leurs besoins. La révolution sociale déborde toujours les schémas préétablis. L’expérience historique prime sur la théorie abstraite.
Portée philosophique et limites
L’humanisme radical
L’homme constitue pour Bakounine la mesure ultime de toute valeur. Ni transcendance divine ni nécessité historique ne justifient le sacrifice de la liberté individuelle. L’humanisme bakouninien refuse cependant l’individualisme abstrait. L’homme n’existe que socialement, produit et producteur de rapports sociaux.
Science et raison émancipent l’humanité des superstitions théologiques et métaphysiques. Le matérialisme scientifique fonde une conception immanente du monde. Nature et société obéissent à des lois connaissables. La liberté ne contredit pas la nécessité mais s’accomplit dans sa compréhension.
Les contradictions non résolues
Plusieurs tensions traversent l’œuvre bakouninienne sans trouver de résolution satisfaisante. L’apologie de la spontanéité révolutionnaire coexiste avec la pratique de l’organisation secrète. Le refus de tout pouvoir s’accommode d’une conception élitiste de la « fraternité internationale ». L’égalitarisme proclamé masque parfois des préjugés de classe et de genre.
L’anti-germanisme et l’anti-sémitisme occasionnels ternissent l’universalisme revendiqué. Les stéréotypes nationaux contaminent parfois l’analyse politique. La question de la transition post-révolutionnaire reste largement impensée. L’optimisme anthropologique sous-estime la résistance des structures de domination.
La postérité intellectuelle
Murray Bookchin prolonge l’écologie sociale implicite chez Bakounine. Noam Chomsky articule anarchisme et linguistique générative. Michel Onfray réactualise l’hédonisme libertaire. Hakim Bey théorise les « zones d’autonomie temporaire » dans la lignée bakouninienne.
L’anthropologie anarchiste contemporaine (Graeber, Scott, Clastres) confirme empiriquement plusieurs intuitions bakouniniennes sur les sociétés sans État. La critique du pouvoir influence Foucault malgré des prémisses philosophiques divergentes. Deleuze et Guattari prolongent la critique de l’État et l’apologie du nomadisme révolutionnaire.
Synthèse : l’actualité d’une œuvre
Mikhaïl Bakounine lègue au mouvement révolutionnaire une critique radicale du principe d’autorité qui conserve sa pertinence. La prescience de sa critique du socialisme étatique se vérifie dans l’effondrement des régimes communistes. L’intuition que le pouvoir corrompt nécessairement trouve confirmation dans toutes les expériences historiques de « dictature du prolétariat ».
L’articulation entre liberté individuelle et justice sociale qu’il propose offre une alternative aux impasses du libéralisme et du collectivisme autoritaire. Le fédéralisme libertaire dessine les contours d’une organisation sociale respectueuse de la diversité et de l’autonomie. La démocratie directe et l’autogestion actualisent ses intuitions organisationnelles.
Au-delà des limites historiques de son œuvre, Bakounine incarne une exigence éthique fondamentale : le refus de tout asservissement. Cette passion de la liberté, communicative et intransigeante, traverse les générations. Elle inspire aujourd’hui encore ceux qui cherchent à concilier transformation sociale radicale et respect de la dignité humaine. L’anarchisme bakouninien reste une ressource théorique et pratique pour penser l’émancipation dans un monde où les formes de domination se renouvellent constamment.