Henri Bergson (1859-1941) : Philosophe de la durée et de l’élan vital
Henri Bergson naît à Paris le 18 octobre 1859 dans une famille juive d’origine polonaise. Brillant élève, il intègre l’École normale supérieure en 1878 et obtient l’agrégation de philosophie en 1881. Après avoir enseigné dans plusieurs lycées de province, il soutient sa thèse de doctorat en 1889 sur les « Données immédiates de la conscience », qui marque le début d’une œuvre philosophique révolutionnaire.
Sa pensée se construit autour de concepts novateurs qui bouleversent la philosophie de son époque. Dans son « Essai sur les données immédiates de la conscience » (1889), il distingue le temps vécu (la durée) du temps mathématique, montrant que la conscience humaine appréhend le temps de manière qualitative et continue, non comme une succession d’instants mesurables. Cette intuition fondamentale traverse toute son œuvre.
En 1896, « Matière et mémoire » explore les relations entre l’esprit et le corps, développant une théorie originale de la mémoire qui influence durablement la psychologie et les neurosciences. Bergson y montre que la mémoire n’est pas un simple stockage passif mais une force créatrice qui actualise le passé dans le présent.
« L’Évolution créatrice » (1907), son œuvre la plus célèbre, introduit le concept d’élan vital. Bergson y propose une vision dynamique de l’évolution, opposée au mécanisme et au finalisme. L’élan vital devient une force créatrice qui pousse la vie vers une complexité croissante et une liberté toujours plus grande.
Professeur au Collège de France dès 1900, Bergson connaît une gloire internationale. Ses conférences attirent un public nombreux, dépassant largement les cercles académiques. Sa philosophie de l’intuition et de la créativité séduit artistes, écrivains et intellectuels de son époque.
Ses dernières œuvres, « Les Deux Sources de la morale et de la religion » (1932), explorent les fondements de la morale et du mysticisme, distinguant entre société close et société ouverte, morale statique et morale dynamique.
Reconnu par ses pairs, Bergson reçoit le prix Nobel de littérature en 1927 pour ses écrits philosophiques. Il meurt à Paris le 4 janvier 1941, laissant une œuvre qui a profondément marqué la pensée contemporaine et continue d’influencer philosophes, scientifiques et artistes.