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Structure
  1. En raccourci
  2. Origines cariennes et contexte intellectuel
    1. Aphrodisias, cité de marbre et de culture
    2. Formation philosophique
  3. Carrière athénienne et chaire impériale
    1. Obtention de la chaire aristotélicienne
    2. Enseignement et méthode pédagogique
  4. L’œuvre du commentateur
    1. Architecture des commentaires
    2. Traités personnels
  5. Doctrines philosophiques majeures
    1. Théorie de l’intellect
    2. Psychologie naturaliste
    3. Métaphysique et théologie
  6. Polémiques et controverses philosophiques
    1. Contre le déterminisme stoïcien
    2. Débats avec les platoniciens
  7. Influence immédiate et transmission
    1. École alexandriste
    2. Traductions orientales
  8. Réception médiévale : Islam et Chrétienté
    1. Alexandre chez les philosophes musulmans
    2. Impact sur la scolastique latine
    3. Condamnations et résistances
  9. Renaissance et période moderne
    1. Redécouverte humaniste
    2. Influence sur la philosophie moderne
  10. Redécouverte philologique contemporaine
    1. Éditions critiques modernes
    2. Études philosophiques récentes
  11. L’exégète philosophe
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Image fictive représentant un philosophe commentateur entouré de manuscrits aristotéliciens – cette illustration imaginaire ne représente pas le véritable Alexandre d'Aphrodise
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Alexandre d’Aphrodise (150–215) : L’exégète par excellence d’Aristote

  • 27/10/2025
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Nom d’origineἈλέξανδρος ὁ Ἀφροδισιεύς (Alexandros ho Aphrodisieus)
OrigineAphrodisias (Carie) / Athènes
Importance★★★★
CourantsPéripatétisme, aristotélisme tardif
ThèmesCommentaires d’Aristote, théorie de l’intellect, naturalisme aristotélicien, destinée et providence, causalité

Titulaire de la chaire aristotélicienne d’Athènes sous les Sévères, Alexandre d’Aphrodise représente l’apogée de l’exégèse aristotélicienne antique et la transmission fidèle du péripatétisme aux siècles ultérieurs.

En raccourci

Né vers 150 à Aphrodisias en Carie, cité prospère d’Asie Mineure, Alexandre reçoit une formation philosophique complète avant d’obtenir, entre 198 et 211, la chaire impériale de philosophie aristotélicienne à Athènes, probablement sous le patronage de Septime Sévère. Surnommé « l’Exégète » par excellence, il compose des commentaires monumentaux sur la quasi-totalité du corpus aristotélicien, privilégiant une interprétation naturaliste et systématique. Sa théorie de l’intellect, distinguant intellect matériel, intellect en acte et intellect agent identifié à la cause première, suscite des débats millénaires. Face aux stoïciens, il défend la contingence et le libre arbitre contre le déterminisme absolu. Contre les platoniciens, il maintient l’immanence des formes dans la matière. Ses commentaires, traduits en syriaque, arabe puis latin, constituent la voie d’accès privilégiée à Aristote pour les philosophes médiévaux. Averroès le nomme « le Commentateur » après Aristote « le Philosophe ». La scolastique latine, à travers Albert le Grand et Thomas d’Aquin, débat intensément ses positions, particulièrement sur l’intellect et l’âme. Mort vers 215, il laisse une œuvre qui fixe pour des siècles l’interprétation orthodoxe d’Aristote, faisant de lui le dernier grand aristotélicien antique et le premier des commentateurs médiévaux.

Origines cariennes et contexte intellectuel

Aphrodisias, cité de marbre et de culture

Vers 150 de notre ère, Aphrodisias en Carie connaît son âge d’or. Cette cité d’Asie Mineure, célèbre pour ses carrières de marbre et son sanctuaire d’Aphrodite, jouit de privilèges impériaux depuis Auguste. Centre artistique majeur, elle produit sculpteurs et intellectuels qui essaiment dans tout l’Empire. C’est dans ce milieu prospère et cultivé que naît Alexandre.

L’onomastique suggère une famille hellénisée de longue date, peut-être liée aux milieux intellectuels locaux. Le cognomen géographique « d’Aphrodise » qu’Alexandre conservera témoigne de son attachement à sa patrie, pratique courante chez les intellectuels de l’époque impériale. Cette origine provinciale ne constitue nullement un handicap dans l’Empire cosmopolite des Antonins et des Sévères.

Formation philosophique

Les détails de la formation d’Alexandre restent largement inconnus. Les références érudites parsemant ses commentaires suggèrent une éducation complète : grammaire, rhétorique, mathématiques, médecine. Il mentionne ses maîtres Herminos et Aristotélès de Mytilène, aristotéliciens reconnus de la génération précédente, ainsi que Sosigène, péripatéticien réputé.

Cette formation s’effectue probablement entre Aphrodisias, Pergame et Athènes, suivant le circuit traditionnel des étudiants aisés. L’imprégnation aristotélicienne apparaît précoce et exclusive : contrairement à ses contemporains souvent éclectiques, Alexandre manifeste dès ses premiers écrits une fidélité intransigeante au Stagirite. Cette spécialisation, rare à l’époque, prépare sa future excellence exégétique.

Carrière athénienne et chaire impériale

Obtention de la chaire aristotélicienne

Entre 198 et 211, sous Septime Sévère ou Caracalla, Alexandre obtient la chaire publique de philosophie aristotélicienne à Athènes. Cette position prestigieuse, créée par Marc Aurèle, assure un salaire impérial et une autorité institutionnelle considérable. La sélection, probablement par concours, témoigne de la reconnaissance de son expertise exceptionnelle.

L’attribution de cette chaire à Alexandre marque le triomphe momentané de l’aristotélisme orthodoxe. Face au platonisme dominant et au stoïcisme influent, le péripatétisme retrouve une visibilité institutionnelle. Les empereurs Sévères, particulièrement Julia Domna et son cercle intellectuel, favorisent cette diversité philosophique qui enrichit la vie culturelle de l’Empire.

Enseignement et méthode pédagogique

L’enseignement d’Alexandre combine cours publics et séminaires privés. Les leçons publiques, obligatoires pour le titulaire de la chaire, exposent les doctrines aristotéliciennes fondamentales. Les cercles restreints permettent l’étude approfondie des textes, ligne par ligne, selon la méthode du commentaire continu.

Sa pédagogie privilégie la clarification systématique. Chaque concept reçoit une définition précise, chaque argument une reconstruction logique, chaque obscurité une élucidation patiente. Cette méthode analytique, héritée de la tradition alexandrine mais perfectionnée, fait d’Alexandre le modèle du commentateur philosophique pour les siècles suivants.

L’œuvre du commentateur

Architecture des commentaires

Les commentaires d’Alexandre couvrent une large partie du corpus aristotélicien. Sont conservés les commentaires sur les Premiers Analytiques (livre I), les Topiques, les Météorologiques, le De Sensu, la Métaphysique (livres I-V). Perdus mais attestés : ceux sur les Catégories, le De Interpretatione, les Seconds Analytiques, la Physique, le De Caelo, le De Anima.

Chaque commentaire suit une structure rigoureuse. D’abord le lemme – citation du texte aristotélicien. Puis l’explication littérale, clarifiant grammaire et vocabulaire. Suit l’analyse doctrinale, dégageant les implications philosophiques. Enfin, les objections potentielles et leurs réfutations. Cette méthode quadripartite devient canonique pour l’exégèse philosophique médiévale.

Traités personnels

Au-delà des commentaires, Alexandre compose des traités originaux développant des points spécifiques. *Le De Anima personnel expose sa propre psychologie aristotélicienne. Le De Fato (Sur le destin) défend le libre arbitre contre le déterminisme stoïcien. Le De Mixtione (Sur le mélange) analyse les théories physiques de la composition.

Ces œuvres révèlent un penseur original, non simple répétiteur. Alexandre systématise, complète, parfois corrige Aristote. Sa fidélité n’est pas servile mais créatrice, développant les potentialités du système aristotélicien face aux défis théoriques de son temps.

Doctrines philosophiques majeures

Théorie de l’intellect

La contribution la plus influente d’Alexandre concerne la noétique. Interprétant le livre III du De Anima d’Aristote, il distingue trois intellects : l’intellect matériel ou en puissance (nous hylikos), pure capacité de penser ; l’intellect en acte (nous en energeia), actualisation de cette capacité ; l’intellect agent (nous poiètikos), cause de l’actualisation.

L’innovation controversée identifie l’intellect agent à Dieu ou au Premier Moteur. Cet intellect divin, séparé et transcendant, illumine l’intellect humain permettant la pensée. Cette doctrine, rompant avec l’immanentisme aristotélicien strict, suscite des débats infinis : l’intellect agent est-il unique pour tous ? L’immortalité personnelle est-elle possible ? La pensée humaine dépend-elle d’une illumination divine ?

Psychologie naturaliste

La psychologie alexandriste adopte un naturalisme radical. L’âme n’est que la forme du corps organisé, inséparable de la matière qu’elle informe. À la mort, la dissolution du composé entraîne la disparition de l’âme individuelle. Seul l’intellect agent, divin et séparé, persiste éternellement.

Cette mortalité de l’âme personnelle scandalise les platoniciens et embarrasse les commentateurs ultérieurs. Averroès développera la doctrine de l’unité de l’intellect, Thomas d’Aquin cherchera une voie moyenne préservant l’immortalité individuelle. Le débat sur l’interprétation alexandriste structure la psychologie philosophique médiévale et renaissante.

Métaphysique et théologie

En métaphysique, Alexandre maintient un aristotélisme strict. Les formes n’existent que dans les composés hylémorphiques, jamais séparées. Les universaux sont postérieurs aux particuliers, abstraits par l’intellect. Le Premier Moteur meut par finalité, objet de désir et d’intellection, sans providence particulière.

Cette métaphysique minimaliste s’oppose au platonisme ambiant. Contre Plotin et les néoplatoniciens, Alexandre refuse les hypostases intermédiaires, les Idées séparées, l’émanation. Sa sobriété ontologique, fidèle à Aristote, apparaît désuète à ses contemporains mais séduira les naturalistes médiévaux et modernes.

Polémiques et controverses philosophiques

Contre le déterminisme stoïcien

Le De Fato constitue l’attaque la plus systématique contre le déterminisme stoïcien. Alexandre démontre l’incompatibilité entre responsabilité morale et nécessité absolue. Si tout découle nécessairement de causes antécédentes, louange et blâme perdent leur sens. L’expérience de la délibération prouve la réalité du choix.

Il développe une théorie sophistiquée de la causalité. Certains événements procèdent de causes nécessaires, d’autres du hasard, d’autres encore du libre choix. Cette contingence ontologique, inscrite dans la structure même du réel, fonde la possibilité de l’action morale. La critique alexandriste influence durablement le débat sur liberté et déterminisme.

Débats avec les platoniciens

Les polémiques avec les platoniciens contemporains, notamment Alexandre d’Athènes (à ne pas confondre), portent sur des questions fondamentales. L’existence d’Idées séparées, la préexistence des âmes, la providence particulière – Alexandre rejette systématiquement ces doctrines au nom de l’empirisme aristotélicien.

Particulièrement significatif, le débat sur les universaux. Pour Alexandre, les genres et espèces n’ont d’existence que dans l’intellect qui les abstrait des particuliers. Cette position conceptualiste, contre le réalisme platonicien, annonce les controverses médiévales sur les universaux. Guillaume d’Occam reconnaîtra en Alexandre un précurseur du nominalisme.

Influence immédiate et transmission

École alexandriste

Bien qu’Alexandre n’ait pas fondé d’école formelle, ses disciples perpétuent son enseignement. Mentionnons Mantissa, compilateur de textes alexandristes, et plusieurs commentateurs anonymes. Cette tradition exégétique, moins visible que les écoles platoniciennes, maintient l’aristotélisme dans les cercles philosophiques tardifs.

L’influence institutionnelle reste limitée. Après Alexandre, la chaire aristotélicienne d’Athènes perd son prestige face à la domination néoplatonicienne. Le péripatétisme survit mais marginalisé, préservé surtout dans les commentaires alexandristes que les néoplatoniciens eux-mêmes utilisent pour comprendre Aristote.

Traductions orientales

La transmission orientale assure la survie et l’influence d’Alexandre. Dès le VIᵉ siècle, ses œuvres sont traduites en syriaque dans les écoles chrétiennes de Syrie et Mésopotamie. Ces versions, souvent plus complètes que les manuscrits grecs, préservent des textes autrement perdus.

L’expansion islamique ouvre une nouvelle phase. Les traducteurs abbassides du IXᵉ siècle, particulièrement Hunayn ibn Ishaq et son école, traduisent massivement Alexandre en arabe. Ses commentaires deviennent la voie d’accès standard à Aristote pour les philosophes musulmans. Al-Farabi, Avicenne, Averroès construisent leur aristotélisme sur les fondations alexandristes.

Réception médiévale : Islam et Chrétienté

Alexandre chez les philosophes musulmans

Pour la falsafa islamique, Alexandre représente l’aristotélisme authentique. Averroès le cite constamment, le nommant « le Commentateur » par excellence après Aristote « le Philosophe ». La théorie alexandriste de l’intellect structure les débats : intellect agent unique ou multiple ? Immortalité personnelle ou universelle ?

Avicenne développe une synthèse originale. Acceptant la transcendance de l’intellect agent qu’il identifie à l’Intelligence agente émanée, il préserve néanmoins l’immortalité individuelle. Averroès radicalise : l’intellect agent et l’intellect possible sont uniques pour l’humanité. Ces développements, impossibles sans Alexandre, façonnent la philosophie islamique classique.

Impact sur la scolastique latine

L’Occident latin découvre Alexandre au XIIᵉ siècle via les traductions de l’arabe. Gérard de Crémone, Michel Scot, Guillaume de Moerbeke traduisent ses commentaires. Albert le Grand et Thomas d’Aquin les étudient intensivement, y trouvant un Aristote systématique et cohérent.

La réception reste ambivalente. D’un côté, Alexandre fournit des éclaircissements indispensables sur les textes aristotéliciens obscurs. De l’autre, ses positions – mortalité de l’âme, absence de providence particulière – heurtent le dogme chrétien. Thomas développe une via media : utiliser les analyses alexandristes tout en corrigeant ses « erreurs » théologiques.

Condamnations et résistances

Les thèses alexandristes figurent dans plusieurs condamnations ecclésiastiques. En 1270 et 1277, l’évêque de Paris Étienne Tempier condamne propositions averroïstes et alexandristes : unité de l’intellect, mortalité de l’âme, éternité du monde. Ces censures n’empêchent pas l’influence souterraine d’Alexandre.

Les averroïstes latins, particulièrement à Padoue, maintiennent l’interprétation alexandriste. Siger de Brabant, Jean de Jandun, plus tard Pietro Pomponazzi défendent la lecture naturaliste d’Aristote. Pour eux, Alexandre représente la philosophie rationnelle pure, distincte de la vérité révélée. Cette double vérité, scandaleuse pour l’orthodoxie, préserve l’autonomie philosophique.

Renaissance et période moderne

Redécouverte humaniste

La Renaissance redécouvre Alexandre dans le texte grec. L’édition aldine (1495-1498) des commentaires inaugure une nouvelle réception. Les humanistes apprécient sa clarté, sa méthode, son refus des subtilités scolastiques. Pour eux, Alexandre incarne l’aristotélisme authentique contre les déformations médiévales.

Pietro Pomponazzi, dans son scandaleux De Immortalitate Animae (1516), s’appuie sur Alexandre pour nier l’immortalité naturelle de l’âme. Cette position, philosophiquement démontrée mais théologiquement hérétique, embrase l’Europe savante. Le Concile de Latran V (1513) condamne à nouveau les thèses alexandristes, preuve de leur vitalité persistante.

Influence sur la philosophie moderne

Les philosophes modernes, même anti-aristotéliciens, connaissent Alexandre. Descartes le cite dans ses objections contre la scolastique. Spinoza puise chez lui arguments contre le finalisme et le libre arbitre. Leibniz débat ses positions sur l’intellect et les possibles.

Plus significatif, Alexandre influence le développement du naturalisme moderne. Son aristotélisme épuré, sans providence particulière ni causes finales anthropomorphiques, anticipe la vision scientifique moderne. Les Lumières y trouvent un précurseur de la philosophie rationnelle contre la superstition.

Redécouverte philologique contemporaine

Éditions critiques modernes

Le XIXᵉ siècle inaugure l’édition scientifique d’Alexandre. Les Commentaria in Aristotelem Graeca de l’Académie de Berlin (1883-1909) publient ses œuvres selon les méthodes philologiques modernes. Cette monumentale entreprise révèle l’ampleur et la qualité de la production alexandriste.

Les découvertes papyrologiques enrichissent le corpus. Fragments inédits, versions alternatives, scolies marginales émergent des sables égyptiens. La tradition arabe, mieux étudiée, révèle textes perdus en grec. Cette reconstruction patiente restitue progressivement l’œuvre alexandriste dans sa richesse.

Études philosophiques récentes

La recherche contemporaine réévalue Alexandre philosophe et non simple commentateur. Les travaux de Sharples, Accattino, Schroeder analysent ses innovations conceptuelles. Loin du répétiteur servile, apparaît un penseur original confrontant l’aristotélisme aux défis de son temps.

Particulièrement féconde, la recherche sur sa philosophie de l’esprit. Les sciences cognitives trouvent chez Alexandre des intuitions sur la conscience, l’intentionnalité, le problème corps-esprit. Sa théorie de l’intellect, dégagée de ses présupposés métaphysiques, offre des perspectives pour les débats contemporains.

L’exégète philosophe

Alexandre d’Aphrodise transcende le statut de simple commentateur pour s’imposer comme philosophe majeur. Son œuvre monumentale fixe pour un millénaire l’interprétation d’Aristote, mais développe aussi des positions originales sur des questions fondamentales : nature de l’esprit, liberté humaine, structure causale du réel.

L’apparente modestie du commentaire masque une ambition philosophique considérable : sauver la rationalité aristotélicienne face aux mystiques platoniciennes et aux dogmatismes stoïciens. Cette défense de la raison empirique et analytique, respectueuse des phénomènes et méfiante des spéculations, dessine une voie philosophique toujours actuelle.

Sa méthode exégétique révolutionne la pratique philosophique. L’attention minutieuse au texte, l’analyse logique des arguments, la reconstruction systématique des doctrines deviennent modèles de rigueur intellectuelle. Les commentaires alexandristes enseignent non seulement Aristote mais l’art même de philosopher : clarté conceptuelle, cohérence logique, honnêteté intellectuelle.

L’influence historique d’Alexandre, immense mais souvent invisible, traverse les traditions philosophiques. De Baghdad à Paris, de Cordoue à Padoue, ses analyses nourrissent débats et controverses. Averroès et Thomas d’Aquin, Pomponazzi et Zabarella pensent avec et contre Alexandre. Même ses adversaires reconnaissent en lui l’exégète par excellence, celui par qui Aristote parle aux siècles.

Paradoxalement, ce défenseur de la mortalité de l’âme individuelle atteint une forme d’immortalité intellectuelle. Ses commentaires*, recopiés, traduits, étudiés pendant quinze siècles, perpétuent sa pensée au-delà de toute survie personnelle. Cette persistance textuelle, plus sûre que toute métempsychose, réalise à sa manière le vœu philosophique d’éternité. Alexandre d’Aphrodise demeure ainsi présent partout où l’on s’efforce de penser rigoureusement, prouvant que la vraie immortalité philosophique réside dans la transmission d’une méthode et d’une exigence de rationalité.

Pour aller plus loin

  • Alexandre d'Aphrodise, Commentaires à la Métaphysique d'Aristote : Livres Petit Alpha et Beta, Vrin
  • Alexandre d'Aphrodise, Les principes du tout selon la doctrine d'Aristote, Vrin
  • Alexandre d' Aphrodise, Traité de la providence, Verdier
  • Alexandre d'Aphrodise, Traité du destin, Les belles lettres
  • Alexandre d' Aphrodise, Traité du destin et du libre pouvoir, Rheartis
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