INFOS-CLÉS | |
|---|---|
| Origine | Ulster (Irlande), Écosse |
| Importance | ★★★★ |
| Courants | Empirisme, Lumières écossaises |
| Thèmes | Sens moral, Esthétique, Bienveillance universelle, Philosophie du sentiment |
Philosophe presbytérien d’Ulster devenu professeur à Glasgow, Francis Hutcheson inaugure les Lumières écossaises en développant une théorie originale du sens moral fondée sur la bienveillance naturelle. Son système philosophique, qui réconcilie empirisme et valeurs morales objectives, influencera profondément David Hume et Adam Smith.
En raccourci
Francis Hutcheson transforme radicalement la philosophie morale britannique en proposant que l’homme possède un sens moral inné, aussi naturel que la vue ou l’ouïe. Né dans une famille de pasteurs presbytériens en Ulster, il devient le premier professeur de philosophie morale à enseigner en anglais plutôt qu’en latin à l’université de Glasgow. Sa théorie révolutionnaire affirme que nous percevons le bien et le mal par un sentiment immédiat, sans calcul rationnel préalable. Cette intuition morale, selon lui, nous pousse naturellement vers la bienveillance universelle. Hutcheson développe parallèlement une esthétique où la beauté se définit comme « l’unité dans la variété », anticipant les développements ultérieurs de Kant. Son optimisme anthropologique, qui voit en l’homme une créature naturellement sociable et bienveillante, s’oppose au pessimisme hobbesien dominant. Cette vision positive de la nature humaine, combinée à son empirisme modéré, pose les fondements intellectuels des Lumières écossaises et influence directement ses illustres successeurs, notamment Hume dans sa théorie des sentiments moraux et Smith dans sa conception de la sympathie.
Origines et formation presbytérienne
Héritage familial irlandais
Petit-fils d’un pasteur presbytérien écossais émigré en Ulster après les persécutions religieuses, Francis Hutcheson naît le 8 août 1694 à Drumalig, dans le comté de Down. Son père, John Hutcheson, exerce le ministère pastoral dans la communauté presbytérienne d’Armagh, milieu intellectuellement stimulant où l’étude théologique côtoie les débats philosophiques. L’environnement familial imprègne profondément le jeune Francis d’une tradition calviniste modérée, ouverte aux idées nouvelles venues d’Écosse et des Provinces-Unies.
L’Ulster presbytérien du début du XVIIIᵉ siècle constitue une enclave culturelle particulière, maintenant des liens étroits avec l’Écosse tout en développant sa propre identité intellectuelle. Les pasteurs presbytériens, souvent formés dans les universités écossaises, cultivent une approche rationnelle de la foi qui prépare le terrain à l’acceptation des idées philosophiques modernes. Cette atmosphère intellectuelle unique, mélange de rigueur calviniste et d’ouverture philosophique, façonne la sensibilité du futur philosophe.
Formation dublinoise dissidente
Hutcheson reçoit sa première éducation dans une académie dissidente dirigée par son grand-père maternel à Killyleagh. Ces institutions, créées pour contourner l’exclusion des non-anglicans du système universitaire officiel, offrent paradoxalement une formation plus moderne et ouverte que les universités établies. À quatorze ans, il entre à l’université de Glasgow où il étudie les humanités classiques, la philosophie naturelle et la théologie. L’enseignement de Gershom Carmichael, premier commentateur systématique de Pufendorf en Grande-Bretagne, l’initie aux théories du droit naturel qui marqueront durablement sa pensée.
De retour en Irlande en 1718, Hutcheson ouvre une académie dissidente à Dublin où il enseigne durant une décennie. Durant cette période dublinoise, il fréquente le cercle intellectuel réuni autour de Lord Molesworth, défenseur des idées whigs et admirateur de Shaftesbury. Ces échanges intellectuels stimulent sa réflexion philosophique et l’encouragent à publier ses premières œuvres. L’académie qu’il dirige devient rapidement réputée pour la qualité de son enseignement et l’esprit de libre examen qui y règne.
Développement intellectuel et premières œuvres
L’Inquiry et la naissance du sens moral
En 1725, Hutcheson publie anonymement à Londres son premier ouvrage majeur : An Inquiry into the Original of Our Ideas of Beauty and Virtue. Cette œuvre, qui se présente comme une défense de Shaftesbury contre Mandeville, développe en réalité un système philosophique original. *L’Inquiry introduit la notion révolutionnaire d’un « sens moral » (moral sense), faculté innée permettant de percevoir immédiatement le bien et le mal moral, indépendamment de tout raisonnement.
Mandeville avait scandalisé l’opinion en soutenant dans sa Fable des abeilles que les vices privés contribuent au bien public. Hutcheson s’oppose frontalement à ce cynisme en affirmant l’existence d’une bienveillance désintéressée naturelle à l’homme. Son argumentation s’appuie sur l’observation psychologique : nous approuvons spontanément les actions bienveillantes, même lorsqu’elles ne nous profitent pas directement. Cette approbation immédiate prouve l’existence d’un sens moral distinct de l’intérêt personnel.
L’ouvrage connaît un succès immédiat et suscite de nombreux débats. Les critiques se divisent entre admirateurs de cette réhabilitation de la bonté humaine naturelle et détracteurs inquiets de ses implications théologiques. Certains calvinistes stricts voient dans cette théorie une négation dangereuse de la corruption originelle de la nature humaine. D’autres saluent une réconciliation prometteuse entre philosophie naturelle et morale chrétienne.
Théorie esthétique et harmonie universelle
Parallèlement à sa théorie morale, l’Inquiry développe une esthétique novatrice fondée sur le principe d’« unité dans la variété » (uniformity amidst variety). Hutcheson soutient que nous possédons également un sens interne de la beauté, distinct des sens externes, qui nous fait percevoir immédiatement l’harmonie et la proportion. Cette théorie esthétique, qui cherche des critères objectifs du beau tout en reconnaissant la subjectivité du sentiment esthétique, anticipe les développements ultérieurs de l’esthétique moderne.
L’originalité de Hutcheson réside dans sa tentative de mathématiser l’expérience esthétique. Il propose que la beauté d’un objet soit proportionnelle au rapport entre son unité et sa variété : plus un objet présente de variété tout en maintenant une unité harmonieuse, plus il sera perçu comme beau. Cette formulation quasi-mathématique témoigne de l’influence de Newton et de l’ambition d’appliquer la méthode scientifique aux questions esthétiques.
La chaire de Glasgow et l’enseignement novateur
Révolution pédagogique écossaise
Nommé en 1729 à la chaire de philosophie morale de l’université de Glasgow, Hutcheson inaugure une transformation radicale de l’enseignement philosophique universitaire. Premier professeur à abandonner le latin pour enseigner en anglais, il démocratise l’accès à la philosophie et attire des auditoires considérables. Ses cours, qui mêlent exposé systématique et discussion ouverte, rompent avec la tradition scolastique encore dominante dans les universités britanniques.
Adam Smith, qui suit ses cours entre 1737 et 1740, témoignera plus tard de l’impact extraordinaire de cet enseignement. Hutcheson ne se contente pas d’exposer des doctrines : il encourage ses étudiants à penser par eux-mêmes, organise des débats contradictoires et recommande la lecture directe des auteurs classiques et modernes. Cette méthode pédagogique, inspirée des académies dissidentes, transforme Glasgow en foyer intellectuel majeur des Lumières écossaises.
Le System of Moral Philosophy
Durant ses années glaswégiennes, Hutcheson élabore progressivement son œuvre maîtresse, le System of Moral Philosophy, qui ne sera publié qu’après sa mort en 1755. Ce traité systématique présente une vision complète de la philosophie pratique, englobant éthique, politique, économie et droit naturel. L’ouvrage témoigne de l’évolution de sa pensée vers une synthèse plus ambitieuse entre empirisme lockéen et objectivisme moral.
Le System développe une anthropologie philosophique optimiste où l’homme apparaît comme naturellement sociable et bienveillant. Hutcheson y raffine sa théorie du sens moral en distinguant différents degrés de bienveillance : familiale, amicale, patriotique et universelle. Cette hiérarchie des affections naturelles permet de résoudre les conflits apparents entre devoirs particuliers et obligation morale universelle. L’influence de cette conception se retrouvera directement dans la théorie de la sympathie d’Adam Smith.
Maturité philosophique et débats intellectuels
Controverse avec les rationalistes moraux
Les années 1730-1740 voient Hutcheson engagé dans d’intenses débats avec les rationalistes moraux, notamment Gilbert Burnet et William Wollaston. Ces philosophes soutiennent que les vérités morales sont accessibles à la raison seule, indépendamment de tout sentiment. Hutcheson maintient au contraire que la raison peut découvrir les moyens d’atteindre le bien, mais que la perception du bien lui-même relève nécessairement du sentiment.
Dans ses Illustrations on the Moral Sense (1728), Hutcheson précise sa position en distinguant soigneusement jugement moral et raisonnement moral. Le jugement moral, acte par lequel nous approuvons ou désapprouvons une action, procède du sens moral et s’effectue instantanément. Le raisonnement moral, qui analyse les conséquences et les circonstances, intervient secondairement pour raffiner notre jugement initial. Cette distinction subtile permet de maintenir l’objectivité de la morale tout en reconnaissant son fondement sentimental.
Influence sur Hume et la philosophie écossaise
David Hume, étudiant à Édimbourg dans les années 1720, lit précocement les œuvres de Hutcheson qui exercent sur lui une influence décisive. La correspondance entre les deux philosophes, initiée en 1739 lors de la publication du Traité de la nature humaine, révèle des convergences profondes mais aussi des divergences significatives. Hume radicalise la théorie sentimentaliste en niant toute téléologie naturelle, ce qui inquiète Hutcheson.
Malgré ses réserves sur le scepticisme humien, Hutcheson soutient la candidature de Hume à la chaire de philosophie morale d’Édimbourg en 1744-1745. Cet épisode illustre sa largeur d’esprit et son engagement en faveur de la liberté philosophique, même lorsqu’elle conduit à des conclusions qu’il désapprouve. L’échec de cette candidature, dû à l’opposition des conservateurs religieux, affecte profondément Hutcheson qui y voit un symptôme de l’intolérance persistante dans les milieux académiques écossais.
Théorie politique et bien commun
L’enseignement politique de Hutcheson développe une théorie contractualiste modérée qui cherche un équilibre entre autorité et liberté. Influencé par Locke mais plus optimiste sur la nature humaine, il conçoit le gouvernement comme l’expression institutionnelle de la bienveillance naturelle orientée vers le bien commun. Le critère de légitimité politique devient « le plus grand bonheur du plus grand nombre », formule promise à une immense postérité dans l’utilitarisme.
Cette doctrine politique progressiste fait de Hutcheson un précurseur du libéralisme écossais. Il défend la tolérance religieuse, critique l’esclavage colonial et prône une réforme de la justice pénale fondée sur la réhabilitation plutôt que sur la pure rétribution. Ses positions avancées lui valent l’hostilité des conservateurs presbytériens qui l’accusent à plusieurs reprises d’hétérodoxie, accusations dont il se défend avec succès devant le presbytère de Glasgow.
Dernières années et synthèse philosophique
Approfondissement théologique
Les dernières années de Hutcheson voient un retour marqué aux préoccupations théologiques de sa jeunesse. Ses cours de pneumatologie (doctrine de l’âme) tentent d’harmoniser sa philosophie morale naturaliste avec l’orthodoxie presbytérienne. Il développe l’idée que le sens moral constitue une participation de l’homme à la bonté divine, permettant ainsi de maintenir à la fois l’autonomie de la morale et son fondement théologique.
Face aux attaques répétées des calvinistes stricts qui voient dans sa doctrine une forme pélagienne de négation du péché originel, Hutcheson précise sa position. La corruption de la nature humaine, reconnaît-il, affaiblit mais n’annihile pas le sens moral naturel. La grâce divine vient restaurer et perfectionner cette faculté naturelle plutôt que de la remplacer entièrement. Cette synthèse subtile satisfait modérément les deux camps sans convaincre pleinement ni l’un ni l’autre.
Héritage pédagogique et institutionnel
Hutcheson transforme durablement l’université de Glasgow en modernisant non seulement l’enseignement mais aussi l’organisation institutionnelle. Il institue des bourses pour étudiants pauvres, crée une bibliothèque de philosophie moderne et encourage les échanges avec les universités continentales. Son action administrative prépare l’épanouissement ultérieur de Glasgow comme centre majeur des Lumières écossaises sous ses successeurs Adam Smith et Thomas Reid.
L’influence pédagogique de Hutcheson s’étend bien au-delà de Glasgow. Ses anciens étudiants essaiment dans toute l’Écosse et l’Amérique coloniale, diffusant ses idées et sa méthode. Parmi eux, Francis Alison fonde le département de philosophie du College de Philadelphie (future université de Pennsylvanie), transplantant la philosophie morale hutchesonienne en Amérique où elle influencera les Pères fondateurs.
Mort et postérité immédiate
Disparition prématurée
Francis Hutcheson meurt subitement le 8 août 1746, jour de son cinquante-deuxième anniversaire, lors d’un voyage à Dublin. Sa santé, fragilisée par des années d’enseignement intensif et de controverses épuisantes, cède brutalement. La nouvelle de sa mort suscite une émotion considérable dans les milieux intellectuels écossais et irlandais. Ses funérailles à Dublin rassemblent une foule considérable, témoignant de l’estime dont il jouissait au-delà des cercles académiques.
Ses manuscrits, confiés à son collègue William Leechman, sont progressivement publiés dans les années suivantes. Le System of Moral Philosophy** paraît en 1755 avec une longue préface biographique de Leechman qui fixe pour longtemps l’image d’un Hutcheson modéré et pieux. Cette présentation édulcorée minimise les aspects les plus novateurs de sa pensée pour faciliter leur réception dans une Écosse presbytérienne encore méfiante.
Impact sur les Lumières écossaises
L’héritage intellectuel de Hutcheson structure profondément le développement ultérieur de la philosophie écossaise. Adam Smith reprend et développe sa théorie des sentiments moraux dans sa Théorie des sentiments moraux (1759), tout en la complexifiant par l’introduction du concept de « spectateur impartial ». La notion hutchesonienne de bienveillance naturelle se transforme chez Smith en sympathie, mécanisme psychologique plus neutre moralement mais tout aussi fondamental.
Thomas Reid, qui succède à Smith dans la chaire de philosophie morale de Glasgow en 1764, développe la philosophie du sens commun en réaction partielle contre le sentimentalisme hutchesonien. Paradoxalement, cette critique perpétue l’influence de Hutcheson en maintenant au centre du débat philosophique écossais les questions qu’il avait posées sur la nature de la perception morale et esthétique.
Diffusion internationale et appropriations
Au-delà de l’Écosse, la philosophie hutchesonienne connaît une diffusion européenne remarquable. En Allemagne, Christian Wolff et Alexander Baumgarten intègrent ses idées esthétiques dans leurs systèmes. Kant, lecteur attentif de Hutcheson via les traductions allemandes, reprend la problématique du sens moral tout en la transformant radicalement par sa critique de l’empirisme moral.
En France, l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert consacre plusieurs articles aux théories hutchesoniennes, notamment dans les entrées « Beau » et « Sens moral ». Les philosophes français, séduits par l’optimisme anthropologique de Hutcheson, y trouvent une alternative au pessimisme augustinien sans tomber dans le matérialisme radical. Voltaire lui-même cite favorablement Hutcheson dans ses écrits sur la tolérance.
L’héritage américain
L’influence la plus durable de Hutcheson s’exerce peut-être en Amérique du Nord. Les collèges presbytériens, de Princeton à Philadelphie, adoptent ses manuels et diffusent sa philosophie morale. John Witherspoon, président du College du New Jersey (Princeton) et signataire de la Déclaration d’indépendance, enseigne une version christianisée du hutchesonisme qui forme intellectuellement une génération de leaders révolutionnaires.
La formule hutchesonienne du « plus grand bonheur du plus grand nombre » inspire directement la rhétorique révolutionnaire américaine. Thomas Jefferson, lecteur de Hutcheson, emprunte à sa philosophie l’idée de droits naturels fondés sur le sens moral universel. La poursuite du bonheur (pursuit of happiness), inscrite dans la Déclaration d’indépendance, porte la marque de l’eudémonisme hutchesonien transposé en idéal politique.
Actualité et réévaluations contemporaines
Redécouverte philosophique moderne
Après une éclipse relative au XIXᵉ siècle, dominé par l’idéalisme allemand puis le positivisme, Hutcheson bénéficie d’un regain d’intérêt au XXᵉ siècle. Les philosophes analytiques redécouvrent en lui un précurseur de l’intuitionnisme moral et du non-cognitivisme éthique. Sa distinction entre propriétés naturelles et propriétés morales anticipe les débats méta-éthiques contemporains sur le statut ontologique des valeurs.
Les neurosciences contemporaines donnent une actualité inattendue à la théorie du sens moral. Les recherches sur l’empathie et les neurones miroirs semblent confirmer l’intuition hutchesonienne d’une base naturelle et immédiate de la perception morale. Les émotions morales, loin d’être de simples perturbations du jugement rationnel, apparaissent comme des composantes essentielles de la cognition morale, validant partiellement le sentimentalisme hutchesonien.
Pertinence éthique actuelle
Dans les débats contemporains sur le fondement de l’éthique, Hutcheson offre une voie médiane entre relativisme postmoderne et absolutisme rationaliste. Sa théorie du sens moral permet de maintenir une forme d’objectivité morale sans recourir à des fondements métaphysiques controversés. L’universalité du sens moral, ancrée dans la nature humaine, fournit une base pour le dialogue éthique interculturel sans imposer un système moral particulier.
Les théories contemporaines du care* et de l’éthique de la sollicitude trouvent en Hutcheson un ancêtre intellectuel. L’importance accordée à la bienveillance et aux sentiments moraux naturels résonne avec les critiques féministes de l’éthique rationaliste masculine. La reconnaissance hutchesonienne de la dimension affective irréductible de la vie morale anticipe les développements actuels d’une éthique plus attentive aux émotions et aux relations.
Francis Hutcheson demeure ainsi une figure charnière de l’histoire de la philosophie, inaugurateur des Lumières écossaises et précurseur de nombreux développements ultérieurs. Son optimisme moral, fondé sur une confiance raisonnée dans les capacités morales naturelles de l’humanité, offre une alternative toujours pertinente aux visions pessimistes ou cyniques de la nature humaine. Sa tentative de réconcilier sentiment et raison, nature et morale, individualité et sociabilité, continue d’alimenter la réflexion philosophique contemporaine sur les fondements de l’éthique et de l’esthétique. L’intuition centrale de Hutcheson – que la morale s’enracine dans notre sensibilité avant de s’articuler dans notre raison – reste une contribution majeure à la compréhension de l’expérience morale humaine.










