INFOS-CLÉS | |
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Origine | France |
Importance | ★★★★ |
Courants | Philosophie des Lumières, Rationalisme |
Thèmes | Progrès de l’esprit humain, instruction publique, calcul des probabilités, droits de l’homme, république |
Nicolas de Condorcet, qui a donné son nom à un grand lycée parisien, incarne la synthèse audacieuse entre science et politique que les Lumières ont portée à son apogée. Mathématicien de premier ordre et philosophe engagé, il a pensé l’émancipation humaine comme un processus rationnel et mesurable. Un philosophe engagé absolument remarquable, ennemi de l’esclavage et du racisme, ennemi de l’oppression faite aux femmes, il incarne ce que l’esprit humain peut montrer de plus noble.
En raccourci
Marie Jean Antoine Nicolas de Caritat, marquis de Condorcet, naît en 1743 dans une famille de la noblesse picarde. Formé chez les jésuites puis à Paris, il se distingue rapidement par ses travaux mathématiques et entre à l’Académie des sciences à vingt-six ans seulement.
Ami des encyclopédistes, notamment de d’Alembert et Voltaire, il consacre sa vie à deux combats indissociables : l’avancement des sciences et la défense des droits de l’homme. Ses recherches sur le calcul des probabilités le conduisent à concevoir une « mathématique sociale » capable d’éclairer les décisions collectives.
Partisan de l’abolition de l’esclavage, défenseur de l’égalité entre hommes et femmes, il s’engage pleinement dans la Révolution française. Député girondin, il rédige un projet de Constitution et élabore un vaste plan d’instruction publique destiné à former des citoyens éclairés.
Proscrit sous la Terreur, il rédige en cachette son œuvre maîtresse, l’Esquisse d’un tableau historique des progrès de l’esprit humain, testament philosophique affirmant sa foi inébranlable dans le perfectionnement indéfini de l’humanité. Arrêté en mars 1794, il meurt mystérieusement en prison à cinquante ans. Sa pensée irrigue encore les débats sur l’éducation, la démocratie et le rôle de la science dans la société.
Origines aristocratiques et formation scientifique
Une noblesse picarde tournée vers les lettres
Né le 17 septembre 1743 à Ribemont, en Picardie, Marie Jean Antoine Nicolas de Caritat appartient à une lignée aristocratique ancienne. Son père, officier de cavalerie, meurt quelques semaines après sa naissance. Sa mère, profondément catholique, confie d’abord l’enfant aux jésuites de Reims, puis au collège de Navarre à Paris. Cette éducation religieuse stricte marque le jeune Condorcet sans pourtant entraver son ouverture intellectuelle précoce.
Dès l’adolescence, il manifeste des dispositions exceptionnelles pour les mathématiques. À seize ans, il soutient une thèse remarquée sur le calcul intégral. Cette précocité attire l’attention de Jean Le Rond d’Alembert, figure tutélaire des Lumières, qui devient son mentor et protecteur. Sous sa guidance, Condorcet fréquente les salons parisiens où se forge la pensée critique du siècle.
L’ascension académique d’un jeune prodige
En 1765, à vingt-deux ans, il publie son Essai sur le calcul intégral, ouvrage qui lui vaut une reconnaissance immédiate dans les cercles savants. Quatre ans plus tard, l’Académie des sciences l’élit parmi ses membres, consécration rarissime pour un homme si jeune. D’Alembert, secrétaire perpétuel de l’institution, facilite cette promotion fulgurante.
Les années suivantes le voient multiplier les mémoires mathématiques sur les équations différentielles et le calcul des probabilités. Mais contrairement à nombre de ses contemporains, Condorcet refuse de cantonner les mathématiques à la spéculation abstraite. Il cherche déjà comment appliquer le raisonnement quantitatif aux affaires humaines, pressentant que la science pourrait éclairer les choix politiques et moraux. Cette intuition fondatrice structure toute son œuvre ultérieure.
Mathématique sociale et engagement philosophique
Le calcul des probabilités appliqué aux décisions collectives
Au début des années 1770, Condorcet développe une approche inédite : utiliser les probabilités pour analyser la fiabilité des décisions prises par des assemblées. Son Essai sur l’application de l’analyse à la probabilité des décisions rendues à la pluralité des voix (1785) fonde ce qu’on appellera plus tard la théorie du choix social. Il y démontre mathématiquement que la vérité collective émerge mieux d’un vote entre électeurs éclairés que de l’autorité d’un seul.
Ce travail ne constitue pas une simple curiosité académique. Condorcet y voit un outil pour légitimer rationnellement la démocratie. Si l’on peut mesurer la probabilité qu’une assemblée prenne la bonne décision, alors le gouvernement représentatif acquiert une justification scientifique. Cette conviction le conduit à concevoir la politique comme une science morale et sociale, domaine où l’observation et le calcul supplantent le préjugé et la tradition.
Parallèlement, il s’investit dans les débats publics. Proche de Turgot, il soutient les réformes économiques libérales et rédige plusieurs mémoires sur le commerce des grains, la fiscalité et les monopoles. Pour lui, la rationalité mathématique doit irriguer l’administration du royaume, substituant la planification éclairée aux décisions arbitraires.
Défenseur des droits universels
Les combats de Condorcet dépassent rapidement les questions économiques. En 1781, il publie ses Réflexions sur l’esclavage des nègres, plaidoyer radical pour l’abolition immédiate écrit sous le nom d’un prêtre appelé Joachim Schwartz. Contrairement à d’autres philosophes qui envisagent une émancipation graduelle, il affirme l’incompatibilité absolue de l’esclavage avec les principes de justice naturelle. Ce texte audacieux lui vaut l’hostilité des milieux marchands, mais confirme sa stature morale. L’introduction de l’ouvrage débute ainsi :
Mes amis. Quoique je ne sois pas de la même couleur que vous, je vous ai toujours regardé comme mes frères. La nature vous a formés pour avoir le même esprit, la même raison, les mêmes vertus que les Blancs. Je ne parle ici que de ceux d’Europe, car pour les Blancs des Colonies, je ne vous fais pas l’injure de les comparer avec vous, je sais combien de fois votre fidélité, votre probité, votre courage ont fait rougir vos maîtres. Si on allait chercher un homme dans les Isles de l’Amérique, ce ne serait point parmi les gens de chair blanche qu’on le trouverait.
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Par ailleurs, il défend l’égalité politique des femmes. Dans son essai Sur l’admission des femmes au droit de cité (1790), il dénonce l’exclusion des femmes du corps électoral comme une violation flagrante des droits de l’homme. Puisque les femmes possèdent raison et conscience morale, aucun argument rationnel ne justifie leur marginalisation civique. Cette position, minoritaire parmi les révolutionnaires, révèle la cohérence rigoureuse de sa pensée.
En 1782, il épouse Sophie de Grouchy, de vingt ans sa cadette, traductrice d’Adam Smith et brillante intellectuelle. Leur salon devient un foyer d’effervescence philosophique où se croisent Américains insurgés et réformateurs européens. Sophie partage pleinement les convictions de son mari ; leur union illustre l’idéal d’égalité qu’ils promeuvent ensemble.
Révolution et action politique
L’engagement républicain d’un noble éclairé
Lorsque éclate la Révolution en 1789, Condorcet a quarante-six ans et jouit d’une autorité intellectuelle considérable. Secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences depuis 1773, ami des encyclopédistes, il incarne la figure du savant-philosophe engagé. Dès les premiers mois, il participe activement aux débats constitutionnels, publiant articles et pamphlets pour orienter les réformes.
Élu à l’Assemblée législative en 1791, puis député de l’Aisne à la Convention en 1792, il siège parmi les Girondins modérés. Lors du procès de Louis XVI, il vote la culpabilité mais s‘oppose à la peine de mort, invoquant son refus de principe de la violence judiciaire. Cette position nuancée témoigne de sa fidélité aux Lumières, qui voient dans la raison un rempart contre les passions collectives.
Sa contribution majeure réside dans la rédaction d’un projet de Constitution pour la République naissante. Présenté en février 1793, ce texte ambitieux prévoit un système représentatif complexe, des garanties étendues pour les droits individuels et des mécanismes de révision démocratique. Malheureusement, la radicalisation politique conduit les Montagnards à rejeter ce projet au profit d’une Constitution plus centralisée.
Le plan d’instruction publique
Convaincu que la démocratie ne peut fonctionner sans citoyens éclairés, Condorcet élabore en 1792 un plan d’organisation de l’instruction publique d’une ampleur sans précédent. Ce système prévoit cinq degrés d’enseignement : écoles primaires dans chaque village, écoles secondaires, instituts départementaux, lycées régionaux et Société nationale des sciences et des arts.
L’originalité du projet tient à son ambition universaliste. L’instruction doit être gratuite, laïque et accessible à tous, garçons comme filles. Elle ne vise pas seulement la transmission de connaissances, mais la formation du jugement critique. Les programmes incluent sciences, langues, histoire et éducation civique, combinaison destinée à produire des citoyens autonomes capables de participer aux délibérations collectives.
Condorcet insiste sur l’indépendance des enseignants vis-à-vis du pouvoir politique. L’instruction publique ne doit pas servir la propagande d’État, mais cultiver l’esprit d’examen. Cette exigence de neutralité heurte les Jacobins, qui veulent subordonner l’école à la régénération révolutionnaire. Le projet, trop libéral pour les Montagnards, ne sera jamais pleinement appliqué, mais inspire les réformes éducatives ultérieures.
Proscription et testament philosophique
La chute d’un Girondin
À partir du printemps 1793, la situation politique se dégrade rapidement. L’élimination des Girondins par les Montagnards place Condorcet en danger. Ayant dénoncé la Constitution montagnarde comme trop autoritaire, il est menacé d’arrestation en juillet 1793. Plutôt que fuir à l’étranger, il se cache à Paris chez Mme Vernet, veuve d’un sculpteur, qui risque sa vie pour le protéger.
Durant huit mois de clandestinité, conscient que ses jours sont comptés, il rédige son œuvre ultime : l’Esquisse d’un tableau historique des progrès de l’esprit humain. Ce texte remarquable, écrit sans bibliothèque dans des conditions précaires, constitue son testament philosophique. Loin de céder au découragement, Condorcet y réaffirme sa foi inaltérable dans le progrès.
L’Esquisse : vision du progrès indéfini
L’Esquisse retrace l’histoire humaine en dix époques, depuis les origines tribales jusqu’à la Révolution française. Chaque étape marque un perfectionnement progressif des facultés intellectuelles et morales. Condorcet identifie trois moteurs du progrès : l’accumulation des connaissances scientifiques, le développement des institutions justes et l’amélioration de l’éducation.
« Toutes les fois que la tyrannie s’efforce de soumettre la masse d’un peuple à la volonté d’une de ses portions, elle compte parmi ses moyens les préjugés et l’ignorance de ses victimes. » Sixième époque : Décadence des Lumières, jusqu’à leur restauration vers le temps des Croisades
Cette vision téléologique culmine dans une dixième époque, encore à venir, où l’humanité atteindra un degré inédit de liberté et de bonheur. Condorcet prophétise l’abolition des guerres, l’égalité complète entre les sexes, l’allongement de la durée de vie grâce aux progrès médicaux et la diffusion universelle de l’instruction. Certains passages évoquent même la possibilité d’un perfectionnement indéfini des capacités humaines, anticipation étonnante des débats contemporains sur le transhumanisme.
« Nos espérances, sur l’état à venir de l’espèce humaine, peuvent se réduire à ces trois points importans : la destruction de l’inégalité entre les nations ; les progrès de l’égalité dans un même peuple ; enfin, le perfectionnement réel de l’homme. » Dixième époque, p. 328
Loin d’être un optimisme naïf, cette confiance repose sur une analyse historique minutieuse. Condorcet reconnaît les reculs temporaires, les périodes d’obscurantisme, mais considère que la tendance générale va vers l’émancipation. La raison, une fois libérée, ne peut que progresser. Les obstacles proviennent de l’ignorance, des préjugés et des institutions oppressives, maux que l’éducation et la science peuvent combattre.
Mort tragique et héritage immédiat
Les dernières heures
En mars 1794, craignant de compromettre son hôtesse, Condorcet quitte sa cachette. Errant dans la campagne autour de Paris, épuisé et affamé, il entre dans une auberge à Clamart où son allure suspecte attire l’attention. Arrêté le 27 mars, il est emprisonné à Bourg-la-Reine. Deux jours plus tard, le 29 mars, on le retrouve mort dans sa cellule.
Les circonstances exactes demeurent controversées. Suicide par empoisonnement, selon la thèse la plus répandue ? Mort naturelle due à l’épuisement ? Assassinat discret ? Les sources divergent. Mais cette fin tragique, à cinquante ans, ajoute une dimension poignante à la figure du philosophe sacrifié sur l’autel des luttes politiques.
Sa dépouille reçoit une sépulture anonyme. Sous la Terreur, toute commémoration est impossible. Sophie de Grouchy, sa veuve, assume seule l’éducation de leur fille Eliza et prépare la publication posthume des œuvres de son mari. Elle joue un rôle crucial dans la transmission de son héritage intellectuel.
Réception immédiate et débats
Après Thermidor, la mémoire de Condorcet est progressivement réhabilitée. Les idéologues du Directoire, puis les libéraux de la Restauration, voient en lui un martyr de la modération républicaine. L’Esquisse, publiée en 1795, rencontre un succès considérable et nourrit les débats sur l’avenir de la société post-révolutionnaire.
Toutefois, cette récupération suscite aussi des critiques. Les contre-révolutionnaires dénoncent son athéisme présumé et son rationalisme excessif. Certains révolutionnaires radicaux lui reprochent sa tiédeur politique. Les premiers socialistes, comme Saint-Simon et Fourier, s’inspirent de sa vision du progrès tout en contestant son individualisme libéral.
« Il arrivera donc, ce moment où le soleil n’éclairera plus, sur la terre, que des hommes libres, et ne reconnaissant d’autre maître que leur raison ; où les tyrans et les esclaves, les prêtres et leurs stupides ou hypocrites instrumens n’existeront plus que dans l’histoire et sur les théâtres. » Dixième époque, p. 338-339
En Amérique, où Condorcet était connu pour ses écrits économiques et son soutien à l’indépendance, sa mort fait l’effet d’un choc. Thomas Jefferson et John Adams, qui correspondaient avec lui, saluent sa mémoire. Ses réflexions sur l’instruction publique influencent les débats sur l’éducation dans la jeune République.
Influence durable et postérité intellectuelle
Legs scientifique et épistémologique
Les travaux mathématiques de Condorcet continuent d’irriguer plusieurs disciplines. Le paradoxe de Condorcet, qui montre qu’une majorité peut aboutir à des préférences collectives incohérentes, demeure un résultat fondamental de la théorie du choix social. Kenneth Arrow, prix Nobel d’économie 1972, reconnaît explicitement sa dette envers Condorcet dans son théorème d’impossibilité.
En épistémologie, sa vision cumulative de la science inspire Auguste Comte, fondateur du positivisme. L’idée que les connaissances progressent par accumulation et rectification méthodique structure la philosophie des sciences du XIXᵉ siècle. Même ceux qui contestent son optimisme, comme les historiens des révolutions scientifiques au XXᵉ siècle, reconnaissent l’importance de sa contribution au débat.
Influence politique et pédagogique
Le projet d’instruction publique de Condorcet inspire directement les réformes scolaires républicaines en France. Jules Ferry, au moment d’instaurer l’école laïque, gratuite et obligatoire dans les années 1880, se réclame explicitement de cet héritage. L’idéal d’une éducation civique formant des citoyens autonomes traverse les débats pédagogiques jusqu’à aujourd’hui.
Ses écrits sur l’égalité des sexes nourrissent les mouvements féministes du XIXᵉ et du XXᵉ siècle. John Stuart Mill, dans son essai L’asservissement des femmes (1869), reprend presque textuellement certains arguments de Condorcet. Les suffragettes françaises et britanniques font de lui une référence intellectuelle, preuve que ses idées ont survécu aux décennies d’oubli.
« Parmi les progrès de l’esprit humain les plus importans pour le bonheur général, nous devons compter l’entière destruction des préjugés, qui ont établi entre les deux sexes, une inégalité de droits funeste à celui même qu’elle favorise. On chercheroit en vain des motifs de la justifier par les différences de leur organisation physique, par celle qu’on voudroit trouver dans la force de leur intelligence, dans leur sensibilité morale. Cette inégalité n’a eu d’autre origine que l’abus de la force, et c’est vainement qu’on a essayé depuis de l’excuser par des sophismes. » Dixième époque, p. 367
Actualité d’une pensée des Lumières
Trois dimensions de l’œuvre de Condorcet résonnent particulièrement dans les débats contemporains. D’abord, sa réflexion sur la décision collective éclairée anticipe les questionnements actuels sur la démocratie délibérative et le rôle de l’expertise dans le débat public. Comment articuler connaissances scientifiques et choix démocratiques ? Cette tension traverse nos sociétés.
Ensuite, sa foi dans le progrès technique et moral reste profondément actuelle, même si elle suscite des critiques. Face aux défis écologiques et aux inégalités persistantes, certains voient dans le volontarisme de Condorcet un modèle, tandis que d’autres y décèlent une naïveté dangereuse. Le débat sur le transhumanisme réactive ses intuitions sur le perfectionnement indéfini.
Enfin, son projet d’instruction universelle et émancipatrice garde toute sa pertinence. À l’heure où l’accès à l’information se démocratise massivement, mais où la désinformation prospère, la vision condorcétienne d’une éducation critique prend un relief particulier. Former des esprits capables de juger par eux-mêmes demeure un impératif démocratique.
Un rationalisme intransigeant face aux tourments de l’histoire
Nicolas de Condorcet incarne une figure singulière des Lumières : celle du savant qui refuse de séparer vérité scientifique et justice politique. Mathématicien rigoureux, il a cherché à quantifier la rationalité collective. Philosophe engagé, il a défendu l’égalité universelle avec une cohérence rare. Homme politique, il a voulu bâtir des institutions fondées sur la raison plutôt que sur la force.
Sa mort tragique, au moment où la Révolution sombrait dans la violence, n’a pas entamé sa confiance dans le progrès humain. Cette fidélité, qu’on peut juger naïve ou admirable, fait de lui un témoin essentiel d’une époque qui croyait pouvoir refonder rationnellement la société. Son œuvre demeure un repère pour qui cherche à penser ensemble science, démocratie et émancipation.
« Combien ce tableau de l’espèce humaine, affranchie de toutes ces chaînes, soustraite à l’empire du hasard, comme à celui des ennemis de ses progrès, et marchant d’un pas ferme et sûr dans la route de la vérité, de la vertu et du bonheur, présente au philosophe, un spectacle qui le console des erreurs, des crimes, des injustices dont la terre est encore souillée, et dont il est souvent la victime ? C’est dans la contemplation de ce tableau qu’il reçoit le prix de ses efforts pour les progrès de la raison, pour la défense de la liberté.» Dixième époque, p. 384