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Table of Contents
  1. En raccourci
  2. Origines et formation artisanale
    1. Naissance dans un contexte troublé
    2. Formation technique et philosophique
    3. Rupture avec le confucianisme
  3. Jeunesse et influences formatrices
    1. Confrontation avec la misère populaire
    2. Développement d’une vision égalitaire
    3. Premières expériences d’enseignement
  4. Première carrière et émergence doctrinale
    1. Construction du système mohiste
    2. Innovation conceptuelle du bénéfice mutuel
    3. Organisation de l’école mohiste
  5. Œuvre majeure et maturité intellectuelle
    1. Rédaction du corpus mohiste
    2. Théorie de la volonté céleste
    3. Critique systématique du fatalisme
  6. Innovations techniques et pacifisme défensif
    1. Maîtrise de l’art défensif
    2. Condamnation de la guerre offensive
    3. Diplomatie et médiation
  7. Dernières années et synthèse doctrinale
    1. Consolidation de l’école
    2. Approfondissement de la logique
    3. Testament philosophique
  8. Mort et héritage intellectuel
    1. Circonstances du décès
    2. Impact immédiat et rivalité avec le confucianisme
    3. Déclin progressif sous les Han
    4. Redécouverte moderne et influence contemporaine
  9. Actualité d’une pensée radicale
  10. Sources
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Image fictive et imaginaire de Mozi, philosophe chinois de l'Antiquité. Cette représentation artistique ne prétend pas reproduire l'apparence réelle du personnage historique.
  • Biographies
  • Chinoise

Mozi (470-391 av. J.-C.) : L’amour universel contre l’ordre confucéen

  • 10/10/2025
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Nom d’origineMo Di 墨翟 (Mòdí)
OrigineChine, État de Lu ou Song
Importance★★★★
CourantsMohisme, philosophie chinoise antique
ThèmesAmour universel (jiān’ài), bénéfice mutuel, critique du ritualisme, pacifisme, méritocratie

Philosophe et ingénieur militaire chinois du Vᵉ siècle avant notre ère, Mozi fonda une école de pensée radicalement opposée au confucianisme dominant. Sa doctrine de l’amour universel et du bénéfice mutuel constitue l’une des tentatives les plus audacieuses de réforme sociale dans la Chine antique.

En raccourci

Mo Di, connu sous le nom de Mozi ou « Maître Mo », vécut durant la période tumultueuse des Royaumes combattants. Artisan de formation, probablement charpentier ou ingénieur, il développa une philosophie centrée sur l’amour universel (jiān’ài) et le bénéfice mutuel (xiānglì). Contrairement à Confucius qui privilégiait les liens familiaux et la hiérarchie sociale, Mozi prônait un amour égal envers tous les êtres humains, sans distinction de rang ou de parenté.

Sa pensée, profondément utilitariste avant la lettre, évaluait toute action selon ses conséquences pratiques pour le bien-être collectif. Pacifiste convaincu, il condamnait les guerres d’agression tout en excellant paradoxalement dans l’art de la défense militaire. L’école mohiste qu’il fonda devint l’une des principales forces intellectuelles de son époque, rivalisant directement avec le confucianisme.

Après sa disparition, le mohisme déclina progressivement face à la montée du confucianisme d’État sous les Han. Redécouvert au XXᵉ siècle, Mozi fascine aujourd’hui par la modernité de ses positions sur l’égalité, le mérite et le rationalisme.

Origines et formation artisanale

Naissance dans un contexte troublé

L’époque des Royaumes combattants (475-221 av. J.-C.) dans laquelle grandit Mo Di se caractérise par une fragmentation politique extrême et des conflits incessants. Les sources divergent sur son lieu de naissance exact : certaines le situent dans l’État de Lu, patrie de Confucius, d’autres dans l’État de Song. Cette incertitude reflète probablement ses origines modestes, contrastant avec la documentation précise dont bénéficient les penseurs aristocratiques de son temps.

Formation technique et philosophique

Artisan de formation, Mo Di acquit très tôt des compétences pratiques en ingénierie et en construction. Cette expérience technique, inhabituelle parmi les philosophes chinois classiques, imprégna profondément sa pensée. Contrairement aux lettrés confucéens issus de l’aristocratie, il connaissait intimement le monde du travail manuel et les préoccupations des classes laborieuses. Sa maîtrise des techniques de fortification et des machines de siège témoigne d’un savoir empirique approfondi, acquis probablement lors d’apprentissages auprès de maîtres artisans.

Rupture avec le confucianisme

Initialement formé aux doctrines confucéennes, Mo Di développa progressivement une critique radicale de leurs présupposés. Le ritualisme confucéen, avec ses cérémonies coûteuses et ses distinctions sociales rigides, lui apparaissait comme un gaspillage de ressources. Les funérailles somptueuses, les périodes de deuil prolongées et la musique de cour représentaient pour lui autant de dépenses improductives qui appauvrissaient la société. Cette perspective économique, issue de son expérience d’artisan, le conduisit à élaborer une philosophie alternative fondée sur l’utilité sociale.

Jeunesse et influences formatrices

Confrontation avec la misère populaire

Durant sa jeunesse, Mo Di fut témoin des souffrances engendrées par les guerres continuelles entre États rivaux. Les sièges de villes, les famines provoquées par les destructions agricoles et les conscriptions massives marquèrent sa conscience. Cette expérience directe de la violence et de la pauvreté nourrit sa conviction qu’une réforme radicale de l’ordre social s’imposait. Alors que les élites débattaient de subtilités rituelles, les populations mouraient dans des conflits fratricides.

Développement d’une vision égalitaire

L’observation des inégalités sociales conduisit Mo Di à questionner les fondements mêmes de la hiérarchie traditionnelle. Pourquoi certains naissaient-ils princes tandis que d’autres demeuraient serviteurs ? Cette interrogation, audacieuse pour l’époque, le mena vers une conception méritocratique de la société. Les positions sociales devaient refléter les compétences et les vertus individuelles plutôt que l’hérédité. Sa propre ascension intellectuelle, depuis ses origines artisanales jusqu’au statut de penseur respecté, incarnait cette possibilité de mobilité sociale.

Premières expériences d’enseignement

Vers l’âge de trente ans, Mo Di commença à rassembler des disciples autour de ses idées novatrices. Contrairement aux écoles aristocratiques, il accueillait des étudiants de toutes origines sociales, pourvu qu’ils manifestent sincérité et dévouement. Cette ouverture reflétait ses convictions égalitaires et contribua à diffuser ses idées dans des milieux traditionnellement exclus du débat philosophique. Ses premiers enseignements portaient déjà sur les thèmes centraux de sa future doctrine : l’amour universel, la condamnation de l’agression et l’importance du mérite individuel.

« Si tous aimaient sans exclusivité, les États ne s’attaqueraient pas. » (兼愛上 / Universal Love)

Première carrière et émergence doctrinale

Construction du système mohiste

A partir de la quarantaine, Mozi systématisa ses intuitions en une doctrine cohérente. L’amour universel (jiān’ài) constituait la pierre angulaire de son système. Contrairement à l’amour gradué confucéen qui privilégiait famille et proches, Mozi prônait un amour égal envers tous les êtres humains. Cette position radicale découlait d’une analyse pragmatique : les conflits naissaient précisément du favoritisme et du népotisme. Si chacun considérait le bien d’autrui comme le sien propre, guerres et injustices disparaîtraient.

« Le désordre naît de l’amour partial : ne pas s’aimer mutuellement, voilà l’origine. » (兼愛上 / Universal Love I)

Innovation conceptuelle du bénéfice mutuel

Parallèlement à l’amour universel, Mozi développa le concept de bénéfice mutuel (xiānglì). Toute action devait être évaluée selon ses conséquences pratiques pour le bien-être collectif. Cette approche conséquentialiste, remarquablement moderne, anticipait de plus de deux millénaires l’utilitarisme occidental. Les rituels confucéens, jugés à cette aune, apparaissaient comme des dépenses somptuaires sans utilité sociale réelle. Seules importaient les actions qui augmentaient la prospérité matérielle et réduisaient les souffrances.

« Retrancher les dépenses inutiles est la voie des rois sages : ne garder que ce qui profite au peuple. » (節用上-中 / Economy of Expenditures I–II)

Organisation de l’école mohiste

L’école fondée par Mozi adopta une structure quasi militaire unique dans l’histoire intellectuelle chinoise. Les mohistes formaient une communauté disciplinée, unie par des liens de loyauté absolue envers leur maître et leurs idéaux. Cette organisation reflétait les convictions de Mozi sur l’importance de l’action collective coordonnée. Ses disciples ne se contentaient pas de débattre ; ils intervenaient activement dans les conflits de leur temps, défendant les cités assiégées et promouvant la paix entre États belligérants.

Œuvre majeure et maturité intellectuelle

Rédaction du corpus mohiste

Durant sa maturité, Mozi supervisa la compilation de ses enseignements dans l’ouvrage qui porte son nom, le Mozi. Ce texte, divisé en 71 chapitres originels dont 53 subsistent, présente une argumentation rigoureuse et systématique. Contrairement aux aphorismes confucéens ou aux paradoxes taoïstes, le Mozi développe des démonstrations logiques structurées, anticipant les méthodes de la philosophie analytique. Chaque doctrine y fait l’objet d’expositions multiples sous différents angles, témoignant d’un souci pédagogique constant.

Théorie de la volonté céleste

Mozi élabora une théologie philosophique originale centrée sur la volonté du Ciel (tiānzhì). Le Ciel, conçu comme principe moral universel, désirait le bien-être de l’humanité entière sans distinction. Cette vision d’une divinité impartiale et bienveillante légitimait l’exigence d’amour universel. Les dirigeants qui opprimaient leurs sujets ou déclenchaient des guerres agissaient contre la volonté céleste et s’exposaient à des châtiments divins. Cette doctrine fournissait une base métaphysique à l’éthique mohiste tout en servant d’avertissement aux puissants.

« Ce que désire le Ciel, c’est la droiture ; ce qu’il abhorre, c’est l’injustice. » (天志上 / Will of Heaven I)

Critique systématique du fatalisme

Philosophe de l’action, Mozi combattit vigoureusement toute forme de fatalisme. Le destin n’existait pas ; seuls les choix humains déterminaient le cours des événements. Cette position activiste s’opposait frontalement aux tendances quiétistes de certaines écoles contemporaines. Si la misère et les guerres ravageaient le monde, la responsabilité en incombait aux hommes, particulièrement aux dirigeants. L’amélioration sociale devenait ainsi non seulement possible mais moralement obligatoire. Chaque individu, quelle que soit sa position, pouvait contribuer au bien commun par ses actions vertueuses.

« Les partisans du Destin disent : “Destiné riche, riche ; destiné pauvre, pauvre.” » (非命上 / Anti-Fatalism I)

Innovations techniques et pacifisme défensif

Maîtrise de l’art défensif

Paradoxe apparent pour un pacifiste, Mozi excellait dans l’art militaire défensif. Ses traités sur les fortifications et les machines de siège révèlent une expertise technique exceptionnelle. Il développa des innovations comme des systèmes de contre-mines, des dispositifs incendiaires défensifs et des méthodes de coordination des défenseurs. Cette compétence n’entrait pas en contradiction avec ses idéaux pacifistes : défendre les innocents contre l’agression constituait un acte d’amour universel. Plusieurs récits relatent ses interventions personnelles pour sauver des cités menacées, négociant avec les assaillants ou organisant la résistance.

Condamnation de la guerre offensive

Mozi distinguait rigoureusement guerre défensive légitime et guerre offensive criminelle. Les conquêtes territoriales, motivées par l’ambition et la cupidité, représentaient le mal absolu. Elles détruisaient des vies, ruinaient l’économie et perpétuaient un cycle de vengeances. Ses calculs minutieux des coûts humains et matériels des campagnes militaires démontraient leur absurdité économique. Même victorieuses, les guerres d’agression appauvrissaient l’État agresseur plus qu’elles ne l’enrichissaient. Cette analyse coûts-bénéfices appliquée à la guerre constituait une innovation remarquable dans la pensée stratégique antique.

« Tuer un homme est injuste ; tuer dix hommes l’est dix fois ; attaquer un État, cent fois. » (非攻上 / Condemnation of Offensive War I)

Diplomatie et médiation

Au-delà de la défense armée, Mozi privilégiait la résolution pacifique des conflits par la négociation. Ses disciples parcouraient les cours princières, plaidant pour la paix et proposant des arbitrages. Cette diplomatie mohiste, fondée sur l’appel à la raison et à l’intérêt mutuel, connut des succès notables. Plusieurs conflits furent évités grâce à l’intervention de mohistes démontrant l’inutilité de la guerre envisagée. L’école mohiste fonctionnait ainsi comme une organisation internationale de maintien de la paix, anticipation étonnante des institutions modernes.

Dernières années et synthèse doctrinale

Consolidation de l’école

Durant ses dernières décennies, Mozi s’attacha à pérenniser son mouvement. L’école mohiste s’structura en branches régionales tout en maintenant une cohésion doctrinale forte. Des « grands maîtres » (jùzǐ) furent désignés pour diriger le mouvement après sa disparition. Cette institutionnalisation garantit la survie du mohisme pendant plusieurs siècles. Les mohistes développèrent également des activités économiques, notamment dans l’artisanat et l’ingénierie, assurant leur indépendance financière.

Approfondissement de la logique

Les derniers écrits attribués à Mozi témoignent d’un intérêt croissant pour les questions logiques et épistémologiques. La nécessité de démontrer rationnellement ses thèses l’amena à développer des outils conceptuels sophistiqués. Les mohistes tardifs, poursuivant cette voie, élaborèrent une théorie de l’argumentation et des paradoxes logiques comparable aux développements de la philosophie grecque contemporaine. Cette dimension logique du mohisme, longtemps négligée, fait aujourd’hui l’objet d’études approfondies.

« Expliquer (shuo) : le moyen par lequel on éclaire (clarifie). » (A73)

Testament philosophique

Vers la fin de sa vie, Mozi formula une synthèse de sa philosophie en dix thèses fondamentales. L’unité de ces doctrines résidait dans leur orientation pratique vers l’amélioration de la condition humaine. Promotion des talents, économie des dépenses, condamnation de l’agression, amour universel : chaque principe visait à maximiser le bien-être collectif. Cette cohérence systémique distinguait le mohisme des écoles éclectiques de l’époque. Mozi légua ainsi non seulement des idées mais une méthode : évaluer toute doctrine à l’aune de ses conséquences concrètes.

« S’identifier au supérieur et non s’allier aux subalternes : tel est ce qui mérite éloge et récompense. » (尚同上 / Identification with the Superior I)

Mort et héritage intellectuel

Circonstances du décès

Mozi s’éteignit vers 391 avant notre ère, après une vie de plus de soixante-dix ans consacrée à la diffusion de ses idéaux. Les sources restent silencieuses sur les circonstances exactes de sa mort, reflet probable de ses origines modestes. Contrairement aux funérailles grandioses des penseurs aristocratiques, ses obsèques suivirent vraisemblablement les principes de simplicité qu’il avait prônés. Cette discrétion finale est en phase avec ses convictions sur l’inutilité des rituels ostentatoires.

Impact immédiat et rivalité avec le confucianisme

Immédiatement après sa disparition, l’école mohiste connut son apogée. Durant les IVᵉ et IIIᵉ siècles avant notre ère, elle rivalisa directement avec le confucianisme pour l’influence intellectuelle et politique. Les mohistes occupèrent des positions importantes dans plusieurs cours princières, conseillant les souverains et mettant en œuvre des réformes inspirées de leur doctrine.

Mencius, grand penseur confucéen, consacra une part substantielle de son œuvre à réfuter les thèses mohistes, témoignage indirect de leur importance. Cette période vit s’affronter deux visions radicalement opposées de la société chinoise : hiérarchie naturelle contre égalité méritocratique, ritualisme contre utilitarisme, amour gradué contre amour universel.

Déclin progressif sous les Han

L’unification impériale sous les Qin puis les Han marqua le début du déclin mohiste. Le confucianisme, avec sa justification de la hiérarchie et son respect de l’autorité, convenait mieux aux besoins d’un empire centralisé. L’idéal égalitaire mohiste apparaissait subversif dans ce nouveau contexte politique. Progressivement, les textes mohistes cessèrent d’être copiés et étudiés. Au IIᵉ siècle de notre ère, le mohisme avait pratiquement disparu comme école organisée, même si certaines de ses idées perdurèrent dans le syncrétisme religieux populaire.

Redécouverte moderne et influence contemporaine

Oublié pendant près de deux millénaires, Mozi connut une renaissance spectaculaire au XXᵉ siècle. Les réformateurs chinois, confrontés au défi de la modernisation, découvrirent dans sa pensée des anticipations troublantes de valeurs modernes. Son utilitarisme préfigurait Bentham et Mill ; son pacifisme annonçait les mouvements pour la paix ; sa méritocratie correspondait aux idéaux démocratiques. Tan Sitong, Kang Youwei et d’autres intellectuels progressistes invoquèrent Mozi contre le conservatisme confucéen.

Les études contemporaines révèlent la richesse insoupçonnée de la pensée mohiste. Sa logique sophistiquée intéresse les philosophes analytiques ; son éthique conséquentialiste alimente les débats en philosophie morale ; ses réflexions sur la guerre juste éclairent les discussions contemporaines sur l’intervention humanitaire. Des penseurs comme A.C. Graham et Chad Hansen ont démontré la pertinence du mohisme pour la philosophie mondiale.

Au-delà du monde académique, les idéaux mohistes résonnent avec les défis contemporains. Face aux nationalismes exacerbés, l’amour universel de Mozi offre une alternative ; devant les inégalités croissantes, sa méritocratie propose un modèle ; confrontés aux dépenses somptuaires, ses principes d’économie retrouvent leur pertinence. Mozi apparaît ainsi non comme une curiosité historique mais comme un penseur dont la radicalité continue d’interroger nos évidences.

Actualité d’une pensée radicale

Figure singulière de la philosophie chinoise classique, Mozi incarne une tentative unique de refondation rationnelle de l’ordre social. Sa synthèse entre pragmatisme technique et idéalisme moral, entre rigueur logique et compassion universelle, demeure sans équivalent dans l’histoire de la pensée. Artisan devenu philosophe, pacifiste maîtrisant l’art militaire, égalitariste dans une société hiérarchique, il défia toutes les conventions de son temps.

(法儀 / « De la nécessité des standards »)
« Ceux qui accomplissent des tâches ne peuvent se passer de modèles (fa) et de standards… Les artisans tracent le carré avec l’équerre, le cercle avec le compas, la droite avec le cordeau, la verticale avec le fil à plomb, et le plan avec le niveau. »

Son échec historique face au confucianisme ne diminue pas la portée de ses innovations intellectuelles.

Premier philosophe conséquentialiste systématique, précurseur de la logique formelle en Chine, théoricien de la non-violence active, Mozi a ouvert des voies que l’humanité continue d’explorer. Sa conviction que la raison et l’amour peuvent transformer la société, loin d’être naïve, offre une alternative au cynisme.

L’œuvre de Mozi nous rappelle que les traditions philosophiques non occidentales recèlent des trésors conceptuels capables d’enrichir notre compréhension du monde. Sa vision d’une humanité unie par l’amour universel et le bénéfice mutuel, utopique peut-être, n’en constitue pas moins un horizon éthique qui mérite d’être parcouru. La voix de ce charpentier philosophe du Vᵉ siècle avant notre ère porte encore, invitant à imaginer d’autres formes possibles de vie collective.

Sources

Chinese Text Project — Mozi, Canon I (經上) et Exposition du Canon I (經說上) : texte chinois + trad. anglaise, définitions de 同/異 et entrées connexes. ctext.org

Stanford Encyclopedia of Philosophy — Mohist Canons (aperçu des thèmes logiques et sémantiques) ; Mohism (rôle des fǎ). Stanford Encyclopedia of Philosophy

A. C. Graham, Disputers of the Tao (synthèse classique) ; Later Mohist Logic, Ethics and Science (étude détaillée). Google Books+2PhilPapers+2

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