INFOS-CLÉS | |
|---|---|
| Nom d’origine | Søren Aabye Kierkegaard |
| Nom anglais | Soren Kierkegaard |
| Origine | Danemark (Copenhague) |
| Importance | ★★★★★ |
| Courants | Existentialisme chrétien |
| Thèmes | angoisse, saut de la foi, stades de l'existence, paradoxe chrétien, subjectivité. |
Søren Kierkegaard demeure l’une des figures les plus singulières de la philosophie moderne, celui qui osa affronter les abîmes de l’existence individuelle et révéler la dimension tragique de la condition humaine.
En raccourci
Søren Kierkegaard naît en 1813 à Copenhague dans une famille bourgeoise marquée par la mélancolie. Élevé dans un christianisme austère par un père rongé de culpabilité, il développe très tôt une sensibilité aiguë aux questions existentielles.
Étudiant brillant mais tourmenté, il rompt ses fiançailles avec Regine Olsen en 1841, épisode qui marque profondément sa réflexion sur l’amour et le renoncement. Cette rupture devient le symbole de son choix pour la solitude créatrice.
Kierkegaard élabore une œuvre philosophique révolutionnaire qui place l’existence individuelle au centre de la réflexion. Il critique violemment le système hégélien et la chrétienté établie, développant une pensée de l’angoisse, du choix et de la foi authentique.
Ses concepts des « stades de l’existence » (esthétique, éthique, religieux) et du « saut de la foi » anticipent l’existentialisme moderne. Écrivain prolifique usant de multiples pseudonymes, il meurt prématurément en 1855, laissant une œuvre qui influence profondément la philosophie contemporaine.
Origines et enfance dans la bourgeoisie copenhagoise
Naissance dans une famille marquée par la mélancolie
Søren Aabye Kierkegaard voit le jour le 5 mai 1813 à Copenhague, septième et dernier enfant de Michael Pedersen Kierkegaard et Ane Sørensdatter Lund. Cette famille bourgeoise, enrichie dans le commerce de la bonneterie, porte en elle une mélancolie profonde qui marque durablement le futur philosophe.
Michael Kierkegaard, homme austère et profondément religieux, transmet à son fils une conception dramatique de l’existence chrétienne. Cet homme, hanté par un péché de jeunesse qu’il croit avoir maudit sa descendance, élève ses enfants dans une atmosphère de culpabilité et de tension spirituelle.
La maison familiale de Nytorv devient pour le jeune Søren un univers clos où dominent l’introspection et l’intensité psychologique. Cette atmosphère particulière forge sa sensibilité exceptionnelle aux nuances de l’âme humaine et développe son goût pour l’analyse psychologique.
Éducation austère et éveil précoce
L’éducation que reçoit Kierkegaard conjugue rigueur intellectuelle et discipline morale selon les principes du piétisme luthérien. Son père, autodidacte cultivé, lui transmet une connaissance approfondie des Écritures et de la tradition philosophique allemande.
Cette formation précoce développe chez l’enfant une acuité intellectuelle remarquable, mais aussi une tendance à l’isolement et à la réflexion solitaire. Kierkegaard acquiert très tôt cette capacité d’analyse introspective qui caractérise toute son œuvre.
Les conversations avec son père, véritables joutes dialectiques, initient le jeune homme à l’art du questionnement et de la controverse. Ces échanges familiaux préfigurent la méthode socratique que Kierkegaard emploiera dans ses écrits philosophiques.
Premières expériences de la mélancolie
Dès l’adolescence, Kierkegaard manifeste cette disposition mélancolique qui constitue le fond de son tempérament. Cette mélancolie, qu’il conceptualisera plus tard, mêle lucidité douloureuse sur la condition humaine et aspiration vers l’infini.
L’observation de ses contemporains révèle au jeune homme l’universalité de l’angoisse existentielle masquée par les conventions sociales. Cette perception précoce de l’inauthenticité ambiante nourrit sa future critique de la « foule » et de la médiocrité bourgeoise.
Les promenades solitaires dans Copenhague deviennent pour lui des occasions de méditation sur l’existence et ses paradoxes. Ces déambulations urbaines inspirent plus tard ses réflexions sur la figure du flâneur et de l’observateur ironique.
Formation universitaire et crise spirituelle
Études de théologie et découverte de la philosophie
En 1830, Kierkegaard entreprend des études de théologie à l’Université de Copenhague, choix qui répond aux attentes paternelles mais correspond aussi à ses préoccupations spirituelles profondes. Ces études lui permettent d’approfondir sa connaissance du christianisme primitif et de la tradition patristique.
Parallèlement à la théologie, il se passionne pour la philosophie allemande contemporaine, découvrant Kant, Fichte, Schelling et surtout Hegel. Cette formation philosophique rigoureuse lui fournit les outils conceptuels qu’il retournera plus tard contre le système hégélien.
L’université copenhagoise de cette époque, influencée par l’idéalisme allemand, offre un cadre intellectuel stimulant qui favorise l’épanouissement de ses dons exceptionnels. Kierkegaard y acquiert cette maîtrise dialectique qui caractérise ses écrits de maturité.
Période de dissipation et quête d’authenticité
Vers 1836, Kierkegaard traverse une crise spirituelle majeure qui l’éloigne temporairement des préoccupations religieuses. Cette période de « dissipation » le conduit à fréquenter les théâtres, les cafés et les salons de la capitale danoise.
Cette expérience de la vie esthétique lui révèle les charmes mais aussi les limites de l’existence vouée au plaisir immédiat. Il analyse avec une lucidité impitoyable les mécanismes de l’ennui et de la séduction qui gouvernent cette sphère d’existence.
Simultanément, il développe une critique acerbe de la société bourgeoise copenhagoise et de ses conventions hypocrites. Cette période d’observation sociale nourrit sa réflexion ultérieure sur l’authenticité et l’engagement personnel.
Réconciliation avec le père et retour à la foi
En 1838, une réconciliation émouvante avec son père mourant marque un tournant décisif dans l’évolution spirituelle de Kierkegaard. Cette réconciliation lui révèle la profondeur de l’amour paternel et l’authenticité de sa foi tourmentée.
La mort de Michael Kierkegaard la même année libère son fils du poids de l’autorité paternelle tout en confirmant son héritage spirituel. Kierkegaard comprend alors que sa vocation consiste à approfondir et renouveler la compréhension du christianisme.
Cette expérience de réconciliation et de deuil inspire sa réflexion ultérieure sur les paradoxes de l’amour et les mystères de la transmission spirituelle. Elle confirme également sa conviction que la vérité religieuse ne peut être qu’existentielle et personnelle.
Rencontre avec Regine et drame existentiel
Idylle et fiançailles avec Regine Olsen
En 1840, Kierkegaard rencontre Regine Olsen, jeune fille de dix-sept ans dont il tombe éperdument amoureux. Cette passion, la seule de sa vie, révèle en lui des capacités d’abandon et de bonheur qu’il ne se connaissait pas.
Les fiançailles, célébrées en septembre 1840, représentent pour Kierkegaard l’expérience de l’amour absolu et de l’engagement total. Cette période idyllique lui fait entrevoir la possibilité d’une existence réconciliée avec elle-même et avec le monde.
Cependant, cette expérience même de l’amour parfait révèle à Kierkegaard l’impossibilité de concilier ses exigences spirituelles avec les obligations du mariage bourgeois. L’amour humain lui apparaît comme un obstacle potentiel à sa vocation religieuse.
Rupture dramatique et sacrifice héroïque
En octobre 1841, après une année de tourments intérieurs, Kierkegaard prend la décision dramatique de rompre ses fiançailles. Cette rupture, vécue comme un sacrifice nécessaire, marque profondément sa conception de l’existence authentique.
Pour épargner Regine, il organise méticuleusement cette rupture de manière à apparaître comme le seul responsable. Cette stratégie douloureuse révèle sa générosité mais aussi sa tendance au sacrifice héroïque et solitaire.
Cette épreuve devient le creuset de sa philosophie existentielle, lui révélant la dimension tragique de tout choix authentique. Kierkegaard comprend que l’existence humaine implique nécessairement la souffrance et le renoncement.
Transformation de la souffrance en création
La douleur de cette séparation se transmute progressivement en énergie créatrice. Kierkegaard découvre dans l’écriture le moyen de transformer son expérience personnelle en réflexion universelle sur la condition humaine.
Cette période post-rupture voit naître ses premiers chefs-d’œuvre philosophiques, nourris par l’intensité de son expérience amoureuse. La souffrance personnelle devient ainsi le fondement d’une pensée authentique sur l’existence.
L’exemple de sa propre vie illustre parfaitement sa théorie selon laquelle la vérité ne peut être que subjective et existentielle. Kierkegaard incarne littéralement sa philosophie dans son existence même.
Élaboration de l’œuvre philosophique majeure
Critique du système hégélien et affirmation de l’existence
À partir de 1843, Kierkegaard développe une critique systématique de la philosophie hégélienne qui domine l’université européenne. Il dénonce l’illusion d’un système total qui prétendrait épuiser la réalité dans ses concepts.
Contre l’objectivité hégélienne, il affirme la primauté de l’existence subjective et de l’expérience vécue. Cette position révolutionnaire annonce le renversement existentialiste qui caractérise la philosophie contemporaine.
Kierkegaard développe une méthode philosophique originale qui privilégie l’analyse psychologique et l’exploration des paradoxes existentiels. Sa philosophie devient ainsi une phénoménologie de l’existence avant la lettre.
Théorie des stades de l’existence
L’apport conceptuel majeur de Kierkegaard réside dans sa théorie des trois stades de l’existence : esthétique, éthique et religieux. Cette typologie permet d’analyser les différentes modalités de l’existence humaine et leurs transitions.
Le stade esthétique se caractérise par la recherche du plaisir immédiat et la fuite devant l’engagement. Kierkegaard en analyse finement les mécanismes psychologiques, notamment dans sa description du séducteur Don Juan.
Le stade éthique introduit la dimension du devoir et de l’engagement moral. Incarné par la figure du mari fidèle, ce stade représente la stabilité bourgeoise mais révèle ses propres limites face à l’absolu religieux.
Le stade religieux transcende les deux précédents par l’affirmation de la foi paradoxale. Cette sphère d’existence implique le dépassement de la raison et l’acceptation du scandale chrétien.
Concept d’angoisse et de liberté
Kierkegaard développe une analyse pénétrante de l’angoisse comme révélateur de la liberté humaine. L’angoisse naît de la confrontation avec la possibilité pure, révélant à l’individu sa responsabilité radicale.
Cette conception de l’angoisse renouvelle complètement la compréhension de la condition humaine en montrant que la liberté constitue à la fois une grandeur et un fardeau. L’homme est « condamné » à être libre, selon la formule qui inspirera Sartre.
L’analyse kierkegaardienne du péché originel illustre magistralement cette dialectique de la liberté et de l’angoisse. Le péché n’est pas héritage mais surgissement toujours renouvelé de la liberté face à l’interdit.
Stratégie littéraire et usage des pseudonymes
Communication indirecte et maïeutique moderne
Kierkegaard développe une stratégie de communication philosophique révolutionnaire qui privilégie l’approche indirecte sur l’exposé dogmatique. Cette méthode vise à conduire le lecteur vers sa propre vérité plutôt que de lui imposer des conclusions toutes faites.
L’usage systématique des pseudonymes permet à Kierkegaard d’explorer différentes perspectives existentielles sans s’identifier complètement à aucune. Cette technique littéraire révèle sa conception dramatique de la philosophie.
Chaque pseudonyme incarne une modalité particulière de l’existence et développe sa logique propre. Johannes Climacus représente l’ironie socratique, Johannes de Silentio explore le paradoxe religieux, tandis que l’Assesseur Wilhelm défend la position éthique.
Diversité stylistique et richesse littéraire
L’œuvre kierkegaardienne se caractérise par une diversité stylistique exceptionnelle qui va du traité philosophique au récit poétique. Cette variété formelle correspond à sa conviction que la vérité existentielle exige une expression artistique.
Kierkegaard maîtrise tous les registres, de l’analyse conceptuelle la plus rigoureuse au lyrisme le plus déchirant. Cette virtuosité littéraire fait de lui un écrivain autant qu’un philosophe, anticipant les développements ultérieurs de la littérature moderne.
L’ironie constitue l’un de ses outils privilégiés pour déstabiliser les certitudes du lecteur et l’obliger à questionner ses propres présupposés. Cette ironie socratique vise l’éveil de la conscience authentique.
Impact sur la création littéraire moderne
L’influence de Kierkegaard dépasse largement le domaine philosophique pour irriguer la création littéraire européenne. Ses innovations formelles anticipent les révolutions esthétiques du XXᵉ siècle.
Sa conception de l’écriture comme exploration existentielle inspire directement le développement du roman psychologique et de la littérature de l’absurde. Dostoïevski, Kafka, Camus puisent abondamment dans son héritage.
L’attention portée aux nuances psychologiques et aux contradictions de la conscience humaine renouvelle profondément l’art du portrait littéraire. Kierkegaard révèle des profondeurs inexplorées de l’âme humaine.
Combat contre la chrétienté établie
Critique de l’Église danoise et du conformisme religieux
Dans ses dernières années, Kierkegaard radicalise sa critique du christianisme institutionnel, s’attaquant violemment à l’Église danoise et à son clergé. Il dénonce l’embourgeoisement de la religion et la trahison de l’esprit évangélique.
Cette polémique, menée avec une véhémence croissante, lui vaut l’hostilité de l’establishment religieux et politique danois. Kierkegaard assume courageusement cette marginalisation, y voyant la confirmation de l’authenticité de son message.
Sa critique porte sur l’écart béant entre l’idéal chrétien primitif et la réalité de la chrétienté bourgeoise. Il dénonce particulièrement la figure du pasteur fonctionnaire qui a trahi sa vocation prophétique.
Appel au christianisme authentique
Face à cette chrétienté dégénérée, Kierkegaard prône un retour aux sources du christianisme primitif caractérisé par l’exigence absolue et le scandale de la croix. Il appelle à une conversion radicale qui transforme l’existence entière.
Son idéal chrétien privilégie l’imitation du Christ sur la simple adhésion doctrinale. Cette approche existentielle du christianisme influence profondément la théologie moderne et l’herméneutique biblique.
Kierkegaard développe une conception héroïque du christianisme qui exige le sacrifice de tout confort bourgeois. Cette radicalité évangélique le conduit à prôner une forme de christianisme quasi monastique.
Solitude prophétique et incompréhension
Cette critique impitoyable de la chrétienté établie vaut à Kierkegaard un isolement croissant dans la société danoise. Il assume cette solitude comme le prix nécessaire de l’authenticité prophétique.
L’incompréhension générale que rencontre son message confirme à ses yeux la justesse de son diagnostic sur la médiocrité contemporaine. Kierkegaard se voit comme le témoin solitaire d’un christianisme authentique.
Cette position prophétique, assumée jusqu’au bout, préfigure le destin de nombreux penseurs modernes contraints à la marginalité par l’exigence de leur message. Kierkegaard inaugure la figure de l’intellectuel critique.
Dernières années et accomplissement de l’œuvre
Intensification de l’activité créatrice
Les dernières années de Kierkegaard voient une intensification remarquable de son activité créatrice. Conscient de la brièveté de sa vie, il multiplie les publications et approfondit ses analyses existentielles.
Cette période voit naître certains de ses chefs-d’œuvre les plus achevés, notamment La Maladie à la mort et Crainte et Tremblement. Ces œuvres révèlent une maîtrise conceptuelle et stylistique parfaite.
L’urgence existentielle qui anime ces derniers écrits leur confère une intensité particulière. Kierkegaard semble pressé de transmettre l’essentiel de son message avant sa disparition pressentie.
Approfondissement de la réflexion sur la mort
La proximité de sa propre mort inspire à Kierkegaard des pages magnifiques sur l’angoisse du néant et l’espérance de l’éternité. Ces méditations sur la finitude révèlent la profondeur de sa spiritualité.
Sa conception de la mort comme « maladie à la mort » – le désespoir – renouvelle complètement l’approche philosophique de ces questions ultimes. La mort physique devient moins redoutable que la mort spirituelle du désespoir.
Cette méditation sur la mortalité confirme sa conviction que seule la foi permet de surmonter l’angoisse existentielle. La mort révèle l’insuffisance de toute solution purement humaine aux paradoxes de l’existence.
Polémique finale et martyre intellectuel
La polémique avec l’Église danoise s’intensifie durant ses derniers mois, Kierkegaard multipliant les articles virulents dans la presse copenhagoise. Cette campagne épuise ses forces mais confirme sa détermination prophétique.
L’hostilité croissante de l’opinion publique danoise ne décourage pas Kierkegaard, qui y voit la confirmation de la justesse de son combat. Il accepte consciemment le rôle du prophète incompris.
Cette période d’intense polémique révèle les ressources combatives insoupçonnées de cet homme apparemment fragile. Kierkegaard démontre que l’engagement authentique peut transcender les limites physiques.
Mort prématurée et reconnaissance tardive
Effondrement physique et circonstances de la mort
Le 2 octobre 1855, Kierkegaard s’effondre dans une rue de Copenhague, victime d’une paralysie soudaine qui révèle l’épuisement de son organisme. Transporté à l’hôpital Frederik, il y demeure six semaines dans un état de faiblesse extrême.
Durant son agonie, il refuse la visite du pasteur officiel, maintenant jusqu’au bout sa critique de l’Église établie. Cette cohérence finale illustre parfaitement l’unité de sa vie et de sa pensée.
Kierkegaard s’éteint le 11 novembre 1855, à l’âge de quarante-deux ans, emportant avec lui le secret de nombreux projets inachevés. Sa mort prématurée prive la philosophie d’un développement qui aurait pu être considérable.
Funérailles tumultueuses et scandale posthume
Les funérailles de Kierkegaard donnent lieu à un scandale retentissant lorsque son neveu Henrik proteste publiquement contre la récupération de la dépouille par l’Église officielle. Cet incident révèle la persistance de la polémique religieuse.
Cette protestation familiale confirme que Kierkegaard est mort en rupture avec la chrétienté établie, fidèle jusqu’au bout à ses convictions. Son enterrement devient ainsi le symbole de son combat inachevé.
L’émotion populaire que suscitent ces funérailles révèle l’impact profond de sa personnalité sur ses contemporains, malgré l’incompréhension de son message. Kierkegaard laisse le souvenir d’une figure prophétique authentique.
Redécouverte progressive et influence moderne
L’œuvre de Kierkegaard demeure largement méconnue durant plusieurs décennies avant d’être redécouverte par les philosophes du XXᵉ siècle. Cette reconnaissance tardive confirme le caractère précurseur de sa pensée.
L’existentialisme français, notamment Sartre et Camus, puise abondamment dans son héritage conceptuel pour développer ses propres analyses de la condition humaine. Kierkegaard devient ainsi le père spirituel de tout un courant philosophique.
L’influence kierkegaardienne s’étend également à la théologie moderne, particulièrement chez Barth et Bultmann qui retrouvent dans son christianisme existentiel une alternative au libéralisme théologique. Sa critique prophétique nourrit le renouveau religieux contemporain.
Un héritage philosophique inépuisable
Søren Kierkegaard occupe une position unique dans l’histoire de la philosophie occidentale, marquant la transition entre l’idéalisme classique et les philosophies de l’existence. Son génie consiste à avoir anticipé les questionnements fondamentaux de la modernité tout en puisant aux sources les plus profondes de la tradition chrétienne.
L’actualité persistante de sa pensée tient à sa capacité d’éclairer les crises de l’individu moderne confronté à l’angoisse de la liberté et à la quête du sens. Ses analyses de l’authenticité, de l’engagement et de la foi parlent directement aux préoccupations contemporaines.
Au-delà de ses apports conceptuels, Kierkegaard lègue l’exemple d’une existence philosophique authentique où la pensée et la vie se trouvent indissolublement liées. Il démontre que la philosophie véritable exige l’engagement total de celui qui la pratique, anticipant ainsi les exigences éthiques de l’intellectuel moderne.
Pour approfondir
#Foi et éthique
Søren Kierkegaard — Crainte et tremblement (Rivages poche)
#Biographie
Joakim Garff — Søren Kierkegaard, une biographie (1813-1855) (Lambert-Lucas)
#Étude classique
Jean Wahl — Études kierkegaardiennes (Vrin)
#Introduction contemporaine
Vincent Delecroix — Singulière philosophie : Essai sur Kierkegaard (Éditions du Félin)
#Vulgarisation
Robert Ferguson — Petits préceptes de vie selon Kierkegaard (Pocket)










