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Sigmund Freud (1856-1939) : L’explorateur de l’inconscient

  • 15/07/2025
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Sigmund Freud naît le 6 mai 1856 à Freiberg, en Moravie (actuelle République tchèque), dans une famille juive de condition modeste. Son père Jakob, marchand de laine, épouse en secondes noces Amalia Nathansohn, de vingt ans sa cadette, qui donne naissance à Sigmund. Enfant privilégié d’une mère aimante, il grandit dans un milieu où l’éducation prime sur la fortune. La famille s’installe à Vienne en 1860, ville qui devient le théâtre de ses découvertes révolutionnaires.

Élève brillant, Freud hésite entre le droit et les sciences naturelles avant de choisir la médecine en 1873. À l’université de Vienne, il découvre les travaux de Darwin qui ébranlent sa foi religieuse et l’orientent vers une vision scientifique du monde. Ses recherches sur l’anatomie du système nerveux de l’anguille, puis ses travaux histologiques sur les cellules nerveuses, révèlent déjà son intérêt pour les mystères du psychisme.

Un voyage d’études à Paris en 1885-1886 auprès de Jean-Martin Charcot à la Salpêtrière marque un tournant décisif. Le maître français lui révèle les phénomènes hypnotiques et hystériques, démontrant que des symptômes physiques peuvent avoir une origine psychique. De retour à Vienne, Freud ouvre un cabinet de neurologie et épouse Martha Bernays en 1886. Leur union, qui dure plus de cinquante ans, lui donne six enfants, dont Anna qui perpétue son œuvre.

Sa collaboration avec Josef Breuer conduit aux « Études sur l’hystérie » (1895), acte de naissance de la psychanalyse. L’analyse du cas d’Anna O. révèle que les symptômes hystériques disparaissent quand la patiente verbalise les traumatismes refoulés. Cette « talking cure » préfigure la méthode psychanalytique, même si Freud abandonne progressivement l’hypnose au profit de l’association libre.

« L’Interprétation des rêves » (1900), chef-d’œuvre initial, établit les fondements théoriques de sa découverte. Freud y démontre que le rêve est « la voie royale vers l’inconscient », réalisation déguisée d’un désir refoulé. Les mécanismes du travail du rêve – condensation, déplacement, symbolisation – révèlent les lois de l’inconscient qui gouvernent également les lapsus, les actes manqués et les symptômes névrotiques.

Sa théorie révolutionnaire de la sexualité infantile, exposée dans les « Trois Essais sur la théorie sexuelle » (1905), scandalise son époque. Freud démontre que la sexualité ne commence pas à la puberté mais dès la naissance, traversant les stades oral, anal et phallique. Le complexe d’Œdipe, désir inconscient pour le parent de sexe opposé, structure la personnalité et détermine les choix amoureux ultérieurs.

Progressivement, Freud élabore sa topique de l’appareil psychique. Première topique (inconscient, préconscient, conscient), puis seconde topique (ça, moi, surmoi) qui modélise les conflits intrapsychiques. Le ça, réservoir des pulsions, obéit au principe de plaisir ; le surmoi, instance morale héritée de l’éducation, impose ses interdits ; le moi, aux prises avec la réalité, tente de concilier ces exigences contradictoires.

Autour de lui se constitue un cercle de disciples fidèles : Karl Abraham, Sándor Ferenczi, Ernest Jones, Otto Rank. En 1902 naît la Société psychologique du mercredi, puis en 1908 l’Association psychanalytique internationale. Mais les dissidences d’Alfred Adler (1911) et surtout de Carl Gustav Jung (1913) l’affectent profondément, révélant les enjeux de pouvoir au sein du mouvement psychanalytique.

La Première Guerre mondiale ébranle son optimisme thérapeutique et l’amène à réviser sa théorie des pulsions. Dans « Au-delà du principe de plaisir » (1920), il oppose Éros (pulsion de vie) à Thanatos (pulsion de mort), dualité qui explique l’agressivité humaine et la compulsion de répétition. « Malaise dans la civilisation » (1930) analyse les tensions entre exigences pulsionnelles et contraintes sociales, source inéluctable de névrose.

Atteint d’un cancer de la mâchoire dès 1923, Freud continue ses recherches malgré seize opérations douloureuses. Ses dernières œuvres (« L’Avenir d’une illusion », « Moïse et le monothéisme ») appliquent la psychanalyse à la religion et à l’histoire, révélant un penseur de l’illusion qui refuse pourtant les consolations métaphysiques.

L’Anschluss de 1938 contraint la famille Freud à l’exil londonien. Les nazis brûlent ses livres à Berlin, événement qu’il commente avec ironie : « Quels progrès nous faisons ! Au Moyen Âge, ils m’auraient brûlé moi ; maintenant, ils se contentent de brûler mes livres. » Il meurt le 23 septembre 1939, assisté par son médecin qui lui administre une dose mortelle de morphine pour abréger ses souffrances.

Freud révolutionne la compréhension de l’homme en révélant que « le moi n’est pas maître dans sa propre maison ». Cette blessure narcissique, après celles infligées par Copernic et Darwin, transforme radicalement anthropologie, littérature, éducation et société. Malgré les critiques et révisions, la psychanalyse demeure un outil irremplaçable pour explorer les profondeurs mystérieuses de l’âme humaine.

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